V.E.O. (violences éducatives ordinaires)

Vous vous demandez ce qu’est une “VEO” ? Vous avez besoin d’éclairages pour comprendre leurs conséquences et pourquoi il est important d’apprendre à les éviter ? Tandis que de nombreux adultes confirment encore “qu’une bonne claque n’a jamais tué personne”, comment transformer les mentalités et se défaire de ce que nous avons intégré comme « normal », voire éducatif ? Trouvez dans cet article des explications complètes à propos des violences éducatives ordinaires et œuvrez vous aussi à ce changement dont le monde de demain a besoin !

Qu’est-ce que la violence éducative ordinaire (VEO) ?

Ce terme, de plus en plus répandu, fait référence aux travaux d’Olivier Maurel et d’Alice Miller. Ils ont été les premiers à mettre en évidence la gravité du principe même de l’éducation telle qu’elle a été (et est toujours) conçue dans l’esprit de la plupart des gens : la domination.

  1. La théorie selon laquelle les parents savent mieux que les enfants ce qui est bon pour eux, leur donnerait le droit d’user de tous comportements qu’ils jugent nécessaires à la “bonne éducation” de plus petit.
  2. À partir de ce raisonnement, on peut justifier n’importe quel acte avec un “c’est pour ton bien !” et grimper dans l’échelle de la maltraitance à mesure qu’on estime que l’enfant ne rentre pas dans les critères qu’on lui impose.
  3. Les VEO se trouvent donc dans toutes ces pratiques coercitives, punitives ou manipulatrices tolérées (voire recommandées), dont on nie le caractère violent, puisqu’elles seraient indispensables pour éduquer l’être humain.

Les principes de l’Accompagnement Respectueux des Enfants® aident tous les adultes qui cherchent à se défaire de leurs automatismes entraînant des VEO. Consultez-les sur cette page.

La recherche scientifique démontre à présent les conséquences d’une éducation stricte et punitive. Les effets sont déplorables et contraires aux objectifs recherchés par les adultes. Agressivité, angoisses, dépressions, comportements asociaux et parfois troubles psychiatriques avérés (sans parler des problèmes de drogues, alcool et tentatives de suicide) des dizaines d’études sur les maltraitances psychologiques et émotionnelles tirent les mêmes conclusions. Il y a donc urgence à cesser les modes d’éducation qui banalisent l’autoritarisme et l’humiliation des enfants !

Violences éducatives ordinaires : Qu’en est-il de la loi ?

La loi n° 2019-721 du 10 juillet 2019 relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires a fait de la France le 56e (!) pays à abolir tout châtiment corporel. Cependant, cette loi n’est qu’un premier pas en ce qui concerne la prévention des VEO.

“Considérant que la violence n’est pas un mode d’éducation, la loi prévoit que les titulaires de l’autorité parentale doivent l’exercer sans violence et ne doivent pas utiliser la violence physique (fessées, etc.), verbale ou psychologique, les châtiments et l’humiliation à l’encontre de l’enfant.” vie-publique.fr

Pourquoi devrait-on lutter contre les “douces violences” ?

En Suède, où les châtiments corporels ont été abolis en 1979, le nombre de décès d’enfants à la suite de maltraitances est quasi nul aujourd’hui. Cette législation s’est accompagnée d’une précision essentielle :

« Les enfants ont droit à l’assistance, à la sécurité et à une bonne éducation. Ils doivent être traités dans le respect de leur personne et de leur individualité et ne peuvent être soumis à un châtiment corporel ou à tout autre traitement humiliant. ».

La politique et les moyens mis en œuvre en parallèle de cette loi ont permis de transformer la société en s’attaquant aux racines de la violence.

VEO : Quelles conséquences ?

La liste des conséquences des violences faites aux enfants est dramatique. Des effets néfastes de la “petite” brimade quotidienne au dérapage irréversible (pour rappel, tous les 5 jours un enfant meurt sous les coups de ses parents ou de ses proches) tous ces comportements forment une seule et même échelle.

En effet, dans son rapport (2018) L’IGAS estime que ces décès constituent très certainement la partie émergée de l’iceberg, « le point extrême d’une série continue de mauvais traitements ». Elle précise également que « plusieurs travaux effectués sur le plan national divergent sur le fait que la mort d’un enfant victime de la maltraitance est le résultat d’une escalade de violence et de négligence ».

Considérer les répercussions des mauvais traitements infligés aux enfants, quel qu’en soit le degré de “gravité” (dans la pensée commune), permet d’aller vers une inversion de paradigme dans une société.

Quelles sont les violences éducatives ordinaires ?

Si pour la plupart des parents il devient relativement évident que les agressions physiques (tape, fessée, gifle, jets d’objets) peuvent entraîner des conséquences gravissimes, il est encore difficile pour certains d’imaginer que la cause de traumatismes puisse résider dans des comportements qu’ils banalisent.

On sait désormais grâce aux neurosciences que ;

  • Les cris,
  • Les paroles dévalorisantes,
  • Les humiliations,
  • Les menaces,
  • L’isolement, les mises à l’écart,
  • Les négligences,
  • et tant d’autres

causent des dégâts sur le développement et la maturation de l’individu.

Mais là où la violence se fait encore plus insidieuse, c’est lorsqu’elle est prônée comme vertueuse sur le plan éducatif.

Et pourtant ;

  • Infliger des punitions ou manipuler l’enfant par les récompenses,
  • Chercher à inculquer de “bons comportements” et réprimer les « bêtises »,
  • Contraindre l’enfant sans respecter son consentement (sauf en cas de danger immédiat),
  • Corriger, rejeter l’enfant lorsqu’il ne correspond pas à ce qu’on attend,
  • et tout autre usage abusif d’autorité qui implique un rapport de force tel que le devoir d’obéissance,

entraînent des impacts à long terme et sur l’intégrité de l’enfant (sa confiance en lui, son estime de lui) et sur ses relations aux autres.

Au-delà de ces risques se pose une question d’éthique : de quel droit l’adulte aurait-il supériorité et pouvoir sur l’enfant ?

Comment éviter les violences éducatives ordinaires ?

Les étapes pour en sortir :

  1. Conscientiser : en premier lieu, il s’agit évidemment de prendre conscience, de comprendre que, dans certaines situations, nos agissements sont violents pour l’enfant. (pour vous aider dans vos réflexions, vous trouverez une liste des VEO en suivant ce lien)
  2. Se responsabiliser : il ne s’agit pas de juger, de pointer du doigt dans une logique de culpabilisation des parents, mais de se rendre compte des effets délétères sur notre enfant et notre relation avec lui, qu’on se doit de chercher des solutions pour faire cesser des schémas, des automatismes qu’on ne souhaite plus reproduire.
  3. Focaliser son attention sur nos ressentis et notre enfant : les critères arbitraires extérieurs ne sont qu’une aide à la prise de conscience pour comprendre où se situe la violence (si l’on a du mal à la voir parce qu’on a été éduqué ainsi) et essayer de la remplacer par d’autres approches. Mais votre ressenti sera la meilleure des boussoles pour améliorer votre relation parents-enfants.
  4. Chercher à faire autrement, en restant indulgent envers soi-même : inutile de se flageller lorsqu’on entre dans une démarche de changement vers plus de respect de l’enfant : la volonté est une condition nécessaire au changement, mais attention aux “Quand on veut, on peut”. Quand on veut, on peut essayer oui, mais cela ne suffit pas toujours à y parvenir et ce n’est pas de votre faute. Changer son “pilote automatique” ne se fait pas en un claquement de doigts.
  5. Fuir les fausses bonnes astuces : avec l’essor de la parentalité positive, on assiste à de nombreuses contradictions entre injonctions intenables et conseils contre-productifs. De nombreux adultes crient au laxisme, au risque de rendre les enfants “rois” ou “tyrans”. D’autres prônent une éducation “bienveillante” en conseillant des pratiques dont ils n’ont pas conscience qu’elles sont également “VEO”.
  6. S’écouter et se faire confiance : De nombreux parents s’épuisent à suivre des consignes délétères et retombent finalement dans des schémas VEO parce qu’ils finissent par se dire que la “bienveillance” ça ne marche pas. Or, respecter son enfant, cela ne signifie pas rester zen en toutes circonstances, ne jamais se mettre en colère, parler avec une voix douce ou répondre à chaque sollicitation sans jamais dire “non”. Par-dessus tout : soyez empathique envers vous-même, c’est votre superpouvoir pour avancer dans votre changement.

“ Cette capacité que vous avez à créer du lien avec votre enfant et le moteur puissant qu’est l’amour que vous lui portez sont les ailes qui vous permettront de vivre la parentalité que vous souhaitez : apaisée, respectueuse, qui tient compte des besoins de tous et vous permet d’avoir à vie des liens de qualité.” ⠀

Si vous avez besoin d’un coup de pouce pour tempérer vos réactions et éviter l’usage de violences éducatives ordinaires lorsque vous vous sentez bouillir, n’hésitez pas à vous munir du “Kit de Survie – Spécial Colère” : il est à votre disposition en téléchargement gratuit juste ici.


Maja Mijailovic – Accompagnante parentalité

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