Allez au lit

Bonjour ,

C’est une phrase devenue presque une rengaine quotidienne pour certains d’entre nous : “allez, au lit, c’est l’heure de dormir!”. Répéter la phrase comme un disque rayé, ça vous dit quelque chose ?

De nombreux enfants vont ainsi se coucher selon un horaire imposé : “parce que c’est l’heure”.

Je me suis toujours demandée sur quoi était basé cet horaire : pour certains adultes, c’est une heure conventionnelle qu’ils.elles se sont définis eux.elles-mêmes basé sur un savant calcul :
du nombre d’heures nécessaires pour un bon développement en fonction de l’âge, compte tenu de l’heure imposée du réveil, moins les réveils nocturnes, plus le temps de sieste éventuel, le tout la tête au carré … (rien que de l’écrire me donne mal à la tête, alors je n’imagine pas la charge mental de tenir ce genre de calculs quotidiennement).

Pour d’autres c’est un horaire culturel, pour d’autres encore il est lié au programme du film du soir ou de la série netflix programmée …

Bref cela semble très aléatoire au final et ne tient pas réellement compte des besoins physiologiques.

Car le sommeil vise à remplir un besoin physiologique et comme d’autres besoins physiologiques, il semble aberrant de caler cela sur une horloge. Non? Mais si : essayez de remplacer le besoin de dormir par celui d’éliminer : vous allez aux wc à heures fixes vous ? 

Pourquoi alors le sommeil serait-il différent?

J’entends déjà de nombreuses réponses dans le sens de : car il faut caler un rythme! Comment fera-t-il.elle pour atteindre son quota de sommeil avec l’école le lendemain, ou dans 3 ans? comment fera-t-il.elle pour se rendre à un travail comme tout le monde dans 15/20 ans? 

C’est vrai que nos sociétés occidentales, dites civilisées, sont très régies par la loi du temps. 

On fonctionne encore beaucoup comme à l’ère industrielle, en mode usine : ça sonne pour le réveil, pour les repas, pour la récré, pour le coucher, pour tous les rdv … 

Ca sonne toujours pour nous rappeler le temps, pour nous, d’accomplir telle activité, même celle qui vise à remplir nos besoins physiologiques de base …


En dehors du fait que je trouve ces automatisations effrayantes, voire, délétères, je comprends que l’adaptation soit une inquiétude parentale permanente. 

On ne veut pas faire de nos enfants des inadaptés, qui se sentent mal en toutes circonstances, en décalage constant.
C’est une inquiétude légitime. Mais est-ce une raison de laisser la peur conduire nos postures, au point d’anticiper l’inadaptation?

Est-ce que, vraiment, on ne fait pas confiance dans les capacités des enfants à s’adapter aux changements, aux contraintes, au point de leur imposer des conditionnements ?

Car remplir ses besoins physiologiques selon des horaires est bien un conditionnement.

Le risque d’adopter une telle posture est de, justement, entraver la bonne marche des capacités spontanées d’adaptation dont chaque être humain est doté. 

Alors certain.e.s me diront qu’il existe des individus qui ont une grande régularité dans leurs besoins physiologiques de base, que cette régularité est spontanée et n’a jamais été conditionnée.

Oui c’est vrai! C’est une dimension inhérente au tempérament (le tempérament est inné), et donc très différente d’un individu à un autre. Cette caractéristique de régularité dans le remplissage de ses besoins, comme les autres dimensions du tempérament, a été mise en évidence par les travaux de Thomas et Chess

Je pense que c’est quelque chose de très important à connaître, pour ne pas chercher à entraver le tempérament inné, voire, le préserver. C’est ce qui m’a permis de comprendre, entre autre, que le discours “les routines rassurent les enfants” est faux car trop généraliste ! 

Il serait plus correcte de dire que les routines rassurent certains enfants, ceux dont le tempérament est basé sur la régularité du remplissage des besoins. 

Pour ces derniers, les routines sont rassurantes, pour les autres, elles sont stressantes, stressantes dans le sens où cela leur impose une adaptation permanente, car contraire à leur tempérament. C’est ce stress qui est délétère, surtout si répété.

Alors comment savoir si notre enfant est d’un tempérament régulier ou plus “anarchique”? Comment l’accompagner en respectant son tempérament, tout en tenant compte de l’environnement dans lequel on évolue tous?

On en parle dans la suite du dossier 🙂