C’est fini dans 3, 2, 1 …

Bonjour,


Vous avez surement ressenti quelque chose en lisant le titre de cet e-mail ? De la curiosité ou un petit coup de stress peut-être ? Si c’est le cas, j’en suis désolée, mon intention était une petite démonstration sur un sujet qui va surement vous interpeller.

Tous les grands marketeurs le savent : mettre en place des compteurs dans une offre en ligne est un très fort outil marketing car générateur de stress, et ce sont les émotions qui font vendre, point largement démontré en neuromarketing.

Donc voilà un outil, le compteur, timer, compte à rebours, qui permet de faire faire à quelqu’un sous le coup de l’émotion une action qu’on attend de lui (acheter dans le cas du marketing).

C’est une technique de manipulation, et dans le marketing certains s’en défendent avec une posture machiavélique : la fin justifie les moyens.  Ils sont persuadés que les produits et services qu’ils vendent sont d’un intérêt capital pour les clients et ils doivent donc tout mettre en oeuvre pour que le client achète.

C’est peut-être vrai, que ces produits/services sont essentiels, mais j’imagine que, comme moi, vous aimeriez avoir la possibilité d’exercer votre libre arbitre et choisir en conscience, non pas vous sentir préssurisé.e.s.

Peut-être, tout comme moi, quand vous apprenez que le marketeur qui s’adresse à vous utilise des techniques, vous adoptez une attitude de méfiance à son égard. Et peut être même une méfiance plus généralisée …

Car c’est le plus gros problème de la manipulation : elle est délétère pour la relation, sans compter sur le fait qu’elle affecte l’individu qui en est l’objet. Être objetisé est violent en soi, la manipulation fait partie des violences éducatives ordinaires.

En tant que parent, on n’est pas toujours conscient d’être en train de manipuler ses enfants et, dans 90% des cas, quand nous le faisons, nous sommes toujours mu de bonnes intentions et le faisons pour le bien de nos enfants.

C’est ce qui se produit avec les écrans : la plupart des conseils de spécialistes à ce sujet et la plupart des initiatives parentales se tournent vers des limitations de temps quand à l’usage des écrans.

Mise en place de timer, tickets d’utilisation avec ou sans tableau, compteurs d’épisodes etc. les techniques sont multiples, il s’agit de s’assurer que l’enfant ne visionne pas plus d’une certaine quantité d’écrans (par jour, par semaine etc).

Bien sûr dans la plupart de ces limitations l’enfant est mis au courant de la « technique » et parfois il est même impliqué dans son élaboration : définit le timer, découpe les petits tickets, écrit sur le tableau etc.

Cette démarche d’implication de l’enfant couplée aux recommandations des spécialistes rassure les adultes qui optent pour la limitation du temps devant les écrans : « nous ne les privons pas, nous leur fixons juste des limites bonne pour eux ».

Quand je demande à quoi servent ces limites de temps, on me répond que ce serait pour éviter un danger aux enfants, pour eux-mêmes, d’un trop grand visionnage. On leur donne donc un repère externe : celui du temps.

Pour le danger, celui qui revient souvent en premier est l’addiction, on en a déjà parlé dans le numéro précédent de ce dossier thématique (cf ici). Un second danger évoqué : ce sont les effets des écrans eux mêmes sur le cerveau, le développement de l’enfant etc. On aura l’occasion d’en reparler car il y a beaucoup d’informations qui circulent à ce sujet et beaucoup de désinformation aussi.

Bien sûr, cette intention de protection est louable, que les dangers soient potentiels ou avérés, mais est-ce que fixer un temps imparti est une façon efficace et respectueuse pour l’enfant d’éviter un danger avec un outil ?

Car, pour ma part, je considère les écrans comme des outils, j’imagine que vous-mêmes n’êtes pas contre un usage total des écrans : sinon, logiquement, vous ne seriez mêmes pas en train de lire ce message 😉

Donc si nous sommes d’accord pour dire que les écrans sont des outils, et qu’on présuppose qu’ils représentent des dangers potentiels ou avérés, on peut facilement comparer l’usage des écrans à, par exemple, celui d’un couteau. C’est un outil, qui « mal utilisé » peut être dangereux, n’est ce pas ?

Or, je suppose que vous n’accompagnez pas les enfants dans l’usage d’un couteau en lui mettant un timer : « tiens voilà le couteau, débrouille-toi avec, quand le timer sonne tu le range, moi pendant ce temps là je vais faire la lessive ».

Hum … je pense que vous comprenez rapidement que cette approche est dangereuse. Et même si vous restez dans les parages, je suis sûre que vous n’utilisez pas le temps comme critère pour définir l’usage en sécurité du couteau.

Alors pourquoi le faire avec les écrans ?

Evidemment, j’ai une petite idée sur la question, mais j’aimerais vraiment, à ce stade, vous inviter à vous poser la question de cette approche du temps si vous utiliser la limitation des visionnages sur écrans pour vos enfants.

On en reparle dans la suite du dossier.

A très vite,