Arrête la drogue ! Éteins-moi ça

Bonjour,



J’entends et lis partout : “les écrans c’est addictif, c’est comme la drogue !”,  “Nos enfants risquent de développer une addiction A CAUSE des écrans”.

Puis, c’est dit d’une façon très affirmative, comme une vérité absolue et si on ose questionner cela, ne serait-ce que pour comprendre la relation de cause à effet préétablie, tombent alors sur nous les “toutes les études le prouvent”. Du coup on ne peut qu’adhérer. Évidemment.

Pourtant, malgré mes demandes réitérées, je n’ai jamais vu une telle étude qui prouvait que les enfants développent une addiction à cause des écrans … comme si les écrans avaient ce pouvoir intrinsèque de rendre les enfants addicts.

Après, je cherche encore, je suis ouverte sur cette causalité établie comme une vérité, mais à ce stade je considère ça comme une hypothèse de la pensée populaire non vérifiée.

J’ai quand même eu bien peur de cet argument “choc” et me suis alors penchée sur la question de l’addiction. Il faut savoir déjà de quoi on parle lorsqu’on utilise ce mot. 
Il s’agit d’un état clinique sérieux avec des signaux précis . 

Lors de mes recherches, j’ai découvert les travaux du Dr Alexander sur l’addiction avec son expérience “le parc aux rats”. Vous trouverez ici une bd de vulgarisation de ses travaux. 

Pour résumer : le Dr Alexander a mené une expérience sur des rats en cage, isolés, à qui il a donné des drogues dures à consommer dans leur réservoir d’eau (mélangée à du sucre pour donner de l’appétence aux drogues). Les rats avaient quotidiennement le choix de consommer leur eau habituelle ou l’eau dopée…  

Ils choisissent l’eau dopée et manifestent les signes cliniques de l’addiction. 

En parallèle il a fait la même expérience en sortant les rats de leur cage et les plaçant dans un parc où les rats étaient relativement libres avec jeux, vivant en communauté, la possibilité de s’accoupler ou se bagarrer, un environnement simulant un contexte naturel (copeau de bois au sol etc), bref dans un environnement “paradis pour rats”. 

Les rats, après avoir goûté à l’eau dopée, revenaient rapidement à leur eau habituelle ne tombant pas dans l’addiction.  

Il en ressort que ce ne sont pas les substances (drogues) elles-mêmes qui poussent à la consommation de part un pouvoir (présupposé) séducteur intrinsèque, et donc à l’addiction, mais l’environnement. Les rats en cage étaient dans un environnement non épanouissant, voire mortifère, contrairement aux rats dans le parc.

Et dans l’environnement de qualité la composante essentielle est la qualité des relations. 


Car l’expérience a été poussée plus loin : droguant “de force” les rats du parc pour qu’ils soient dans un même niveau d’addiction que ceux en cage, il a essayé d’observer le phénomène de sevrage. Les rats en cage ont continué à consommer l’eau dopée alors que ceux du parc ont préféré supporter les effets du sevrage pour retrouver des interactions normales …

A la découverte de ses travaux, la pression de l’hypothèse des écrans comme addictif est retombée : en fait, même s’ils l’étaient, j’ai compris que si j’assurais à mes enfants un environnement de qualité en terme de relation humaines, je n’aurais pas à avoir peur des addictions.

Et c’est le choix que j’ai fait : privilégier la relation avec mes enfants à mes peurs. Car ces dernières sont souvent mauvaises conseillères en terme de posture et n’aident pas aux relations, bien au contraire.

Ce choix n’est toutefois pas une mince affaire, je vous en parle dans la suite du dossier.

Pour une synthèse des travaux sur l’addiction, je vous invite à visualiser cette vidéo. Malheureusement, la version française a été supprimée il y a peu, cette vidéo est en anglais.