Vous avez l’impression que votre enfant est difficile, qu’il n’en fait qu’à sa tête et qu’il est impossible de lui faire respecter une consigne, aussi simple soit-elle ? Vous en avez marre de répéter, de vous justifier, de négocier sans cesse, mais vous culpabilisez d’utiliser les menaces ou les punitions pour arriver à vos fins ? Et si c’était normal qu’expliquer les règles et les formuler “positivement” ne suffise pas…
Pourquoi mon enfant n’écoute pas les consignes ?
Tenir compte de la nature de l’enfant en développement
Dans notre société, nous avons pris l’habitude de considérer que l’enfant “n’écoute pas”, autrement dit, qu’il ignore volontairement les ordres, ou du moins qu’il ne montre aucun effort à considérer nos demandes. Or cette idée commune n’est qu’une pensée… Il est toujours préférable de remonter aux faits.
➜ En réalité, les enfants respectent les consignes lorsqu’ils le peuvent. Il serait plus juste de considérer leur “non-respect” comme des maladresses dues à leur immaturité cérébrale.
Les enfants agissent pulsionnellement ou en imitant leurs pairs, car leurs circuits neuronaux permettant les prises de décisions et le contrôle inhibiteur ne sont pas encore développés.
Je sais que c’est difficile d’attendre cette maturation, d’autant plus que nous subissons une méconnaissance de cette maturation qui prend concrètement des années…
➜ Nous avons donc tendance à attendre des enfants qu’ils se comportent d’une manière qui leur est physiologiquement inaccessible. Un peu comme si l’on attendait des bébés qu’ils commencent à marcher à 3 mois et qu’on s’inquiétait, qu’on montrait de l’impatience ou de l’agacement à ce qu’ils ne le fassent pas.
Pour les enfants neuroatypiques c’est d’autant plus frustrant, parce qu’ils sont parfois font preuve de “certaines précocités”, ce qui par conséquent, nous donne l’impression qu’ils font “exprès” quand ils ne parviennent pas à faire des choses que nous estimons pourtant très « simples ».
➜ Tolérer leurs incapacités c’est incarner le respect et leur transmettre que chacun a le droit d’être différent.
Observer l’état émotionnel et la capacité d’attention
Bien sûr, pour pouvoir suivre une consigne, il faut d’abord pouvoir l’entendre, l’écouter attentivement et comprendre l’intégralité de la demande. Et là encore, si notre enfant présente habituellement ces capacités, nous avons tendance à penser qu’il peut le faire en toutes situations.
➜ Or, les enfants ne sont pas des minis adultes. D’ailleurs, bon nombre d’adultes ne sont pas non plus capables de rester attentifs en toutes circonstances…
Un enfant qui est en train de vivre une émotion forte n’en présente pas forcément de “symptômes” comme des cris, des pleurs ou de l’agitation. Pourtant, l’état de stress est bien là et l’empêche de focaliser son attention sur des consignes (aussi simples soient-elles).
D’autres fois, sans parler d’état de stress, les enfants peuvent être hyper concentrés dans une activité, aussi anodine qu’elle nous paraisse. Ils ne peuvent alors se couper de l’expérimentation en cours et détourner leur focus de leur découverte pour se rendre pleinement à l’écoute et comprendre une demande.
Que faire quand mon enfant ne respecte pas les consignes ?
Rendre la pleine possibilité de se responsabiliser (sans hypocrisie)
Chercher à obtenir un comportement précis et immédiat d’un enfant est coercitif. Les rapports de domination si décriés dans le monde des adultes sont encore trop banalisés quand on parle d’éducation.
Bien sûr, les objectifs des parents sont la plupart du temps bien intentionnés et il est si bien ancré dans nos mœurs qu’un enfant a “besoin” de cadre, de règles et de limites pour “bien grandir”, qu’il ne nous apparaît pas violent de chercher à les leur inculquer.
➜ Pourtant, répéter des injonctions ou des mises en garde à longueur de temps ne permet en rien aux enfants d’apprendre à s’écouter, à appréhender les dangers, à respecter leurs besoins ni ceux des autres. Bien au contraire, plus il y a de consignes, moins il y a de place pour développer son indépendance.
Si dans votre cheminement de parent (ou d’accompagnant d’enfants) vous avez dans l’idée d’aider les plus jeunes à grandir avec confiance en soi et indépendance, je vous invite à éviter ces pratiques qui les habituent à se baser sur des critères externes pour agir.
➜ On peut facilement observer certaines conséquences notamment chez les adolescents qui n’ont connu que l’interdit, le cadre, les ordres, etc. La réaction est souvent élastique et explosive une fois que l’adulte a moins de pouvoir sur l’enfant de par son âge, sa force ou ses capacités de raisonnement.
En accompagnement respectueux, l’idée c’est de considérer la liberté comme étant la règle et l’interdit comme étant l’exception. Le principe, c’est d’aider les enfants à reconnaître leurs besoins pour développer l’autonomie et préserver la confiance.
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En parallèle de cette maturation écologique pour tous, c’est à l’adulte que revient la responsabilité d’anticiper tout ce que l’enfant ne peut encore prévoir comme danger et entrave aux besoins des autres.
➜ L’enfant a besoin d’expérimenter par lui-même. En le protégeant des accidents et en lui accordant votre confiance inconditionnelle, vous lui permettez d’apprendre par les meilleures leçons qui soient : les erreurs.
J’ai bien conscience que ce n’est pas aussi facile à appliquer qu’à comprendre, mais je vous invite à bien observer vos peurs et vos résistances pour vous en défaire. Parce que la plus grande difficulté n’est pas de réduire le nombre de consignes et d’injonctions que nous donnons à nos enfants, mais bien de leur laisser de la liberté là où nous n’en avons nous-mêmes jamais connu.
De la même façon, la plupart d’entre nous n’avons jamais eu le droit à l’erreur, alors que c’est le plus beau des cadeaux qu’on puisse transmettre aux prochaines générations.
Sans cela, les enfants ne font aucun excès, aucune casse, aucun bobo, certes, mais ils n’apprennent pas non plus leurs seuils de tolérance, l’écoute de leurs émotions, de leurs besoins et de ceux des autres.
Oser remettre en cause ce qui se cache sous la consigne
Derrière l’idée de consigne, il y a aussi des concepts de “devoirs”, d’obéissance, de “respect”, au sens soumission à l’autorité. Or, sauf si vous faites le choix de perpétuer l’éducation coercitive que vous avez vous-même probablement reçue, ces rapports de domination n’ont pas leur place entre adultes et enfants.
Les enfants ont besoin d’accompagnement bienveillant et juste.
Si les consignes ne sont là que pour combler vos propres besoins (d’ordre, de propreté, de calme, etc.) ou dans l’idée d’imposer arbitrairement des normes (“On ne fait pas ça parce que c’est comme ça”), alors elles n’ont pas lieu d’être et sont violentes pour celui qui la reçoit.
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Accompagner les enfants avec respect
Lorsqu’on choisit de diriger nos efforts vers plus d’apaisement et de respect mutuel au quotidien, les seules consignes qui ont du sens sont celles qui sont liées :
- à la prévention des dangers (sans pour autant reporter la responsabilité sur l’enfant : l’adulte reste toujours l’unique garant de la sécurité),
- au respect des autres (de la même façon, c’est toujours finalement à l’adulte de veiller et de réagir si l’enfant n’est pas en capacité de respecter la consigne)
Je vous invite également à éviter les dérives qu’on lit souvent dans les recommandations faites aux parents.
➜ Par exemple, détourner l’enfant de ce qu’il est en train de faire (ou ne pas faire) en tentant de le distraire relève de la manipulation.
Si ces pratiques sont parfois tentantes, car redoutablement efficaces et “faciles”, elles causent bien des dégâts lorsqu’on en abuse :
- l’enfant va perdre confiance en lui et en l’adulte à force de se sentir berné,
- le besoin et l’émotion initialement exprimés auront été ignorés, mais ne seront pas effacés pour autant (donc ils referont surface à un moment ou un autre avec probablement plus d’intensité),
- et simplement par principe, en se mettant à la place de l’enfant qui subit ces manipulations/ mensonges ; est-ce qu’on accepterait que quelqu’un nous traite de la sorte ?
Bien sûr, ce n’est pas aussi évident dans les faits, puisque nous-mêmes n’avons pas été accompagnés dans nos besoins et nos émotions.
Il est donc d’autant plus difficile d’accepter et d’accueillir tout ce qui s’exprime chez nos chérubins (ou ceux qu’on accompagne au quotidien dans nos activités professionnelles).
➜ Pour pallier nos carences en empathie (et/ou en patience) il est indispensable d’observer nos propres pensées avec du recul. Voyez si elles vous sont bénéfiques, utiles, ou si au contraire elles vous poussent à agir avec velléité contre les enfants.
Lorsqu’on se dit “Mais il/ elle le fait exprès.” /”C’est pas possible, il/elle se fiche de moi.”, etc., on prête d’office de mauvaises intentions à l’enfant.
On va glisser vers les brimades, les jugements et se distancer de l’enfant pour montrer notre désapprobation. Or, même s’il le faisait vraiment exprès, ces réactions ne l’aident en rien à comprendre ses erreurs ni à savoir quoi faire à la place la fois suivante.
➜ Quand l’enfant n’écoute pas une consigne, autrement dit, s’il ne se comporte pas comme on l’attendait et que nous ne sommes pas en capacité de l’aider avec empathie, de chercher à comprendre ce qu’il est train de remplir comme besoin ou pourquoi il traverse telle émotion ; il est crucial de rediriger nos propres vagues d’émotions, de passer le relais, voire de s’isoler rapidement si c’est nécessaire, afin de préserver la qualité de la relation avec l’enfant et son estime de lui-même.
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Comment éviter de tomber dans le laxisme ?
Dans votre cheminement de parent, vous en êtes peut-être à l’étape où vous assimilez beaucoup d’informations vous permettant de revoir vos pratiques, mais de nombreuses résistances se font sentir et vous empêchent d’avancer vers plus d’équité envers vos enfants.
Une crainte qui revient la plupart du temps chez les parents qui souhaitent donner plus de liberté, lever les interdits, laisser de côté les règles et autres leçons de morale, c’est la peur du laxisme.
Si c’est votre cas, je souhaite vous enlever cette épine du pied immédiatement : le laxisme est une notion complètement infondée.
➜ C’est un vieil épouvantail secoué par les mêmes qui vous diront qu’ils sont bien contents d’avoir reçu quelques tapes sur les doigts parce que c’est ce qui leur aurait permis “d’apprendre le respect”. Sauf que la définition du respect ce n’est pas “se soumettre par peur des conséquences”. Les adultes se doivent de cesser d’abuser de leurs privilèges d’adultes pour dominer les plus jeunes.
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Je vous invite donc à vous poser la question avec sincérité : quand on craint d’être laxistes en laissant grandir nos enfants comme bon leur semble, de quoi a-t-on réellement peur ?
Peut-on vraiment être trop tolérants ?! Ferions-nous cette remarque à un manager qui voudrait donner plus d’autonomie à ces équipes ?
C’est évident, accompagner les enfants avec respect demande un grand lâcher-prise et un travail intense pour tordre le cou aux préjugés et se défaire de nos peurs. Cela demande de se reposer sur de bonnes connaissances du développement de l’humain, notamment sur la maturation du cerveau et tous ces efforts nécessitent bien des ressources aux parents qui souvent en manquent déjà.
Pourtant, c’est un véritable cercle vertueux de se libérer de toutes ces charges que sont les règles, les interdits, les consignes pour revenir à l’essentiel : l’amour et la confiance.
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Merci. J’avais peur d’être trop strict sur certaine chose qui touche à la sécurité et laxisme sur d’autres points. 🙂
Avec plaisir 🙂
Bonjour,
Je suis adepte de la parentalite positive, me suis formée avec des ateliers, des livres quand mes deux grandes filles avaient environ 2 et 4 ans.
Cependant je suis à nouveau mère de jumelles qui ont aujourd’hui 2 ans et demi et j’avoue que mes principes sont loin derrière moi ! Entre le travail à temps plein, mes grandes et les petites, je me sens obligées d’imposer des tas de règles pour que le quotidien soit gerable à la maison. Ma deuxième fille est très sensible depuis toute petite et demande une attention particulière que je n’ai plus ! Du coup, c’est l’explosion émotionnel chez elle alors qu’elle a 10 ans ! Elle en souffre et moi aussi… Mais difficile de lui donner davantage d’attention… Et mes deux petites, je tente vraiment ce que je faisais, appliquais pour mes grandes mais ça ne marche pas à deux ! Quand l’une s’apaise, l’autre appui a nouveau sur le bon bouton pour relancer une crise ! Avez vous des conseils particuliers pour les jumelles /jumeaux ? Et pour les grandes familles avec différences d’âge ? Mes filles ont 12,10 et 2 ans et demi.
Merci
Linda
Bonjour Linda, je vous remercie pour votre message et votre question. L’avantage de la démarche de l’Accompagnement Respectueux des Enfants (ARE®) est qu’elle est une démarche réaliste et inclusive (elle s’applique à tous les âges, quelle que soit la configuration familiale et l’âge des enfants). Je ne sais pas ce que vous appliquez concrètement aujourd’hui pour vous donner des pistes, pour cela je dois vous interroger et comprendre votre contexte actuel, c’est précisément l’objet de mes accompagnements : https://leslunettesdemaja.fr/cercle-des-parents-2/
En attendant vous trouverez de nombreuses pistes sur le blog et sur les réseaux sociaux, pour une démarche ARE® au quotidien, car comme j’aime à le dire : « On ne peut pas être positif et bienveillant à chaque instant, mais on peut rester respectueux en toutes circonstances ».
Pour me retrouver sur les réseaux sociaux :
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Bonjour,
Je ne sais pas comment vous contacter , je souhziterais avoir une consultation individuel , comment faire ?
Merci pour votre retour
Charlotte Valentin
Bonjour Charlotte, je découvre votre message : n’hésitez pas à m’écrire sur maja@leslunettesdemaja.fr, pour ce qui est des accompagnements personnalisés, vous retrouverez les différentes formules par ici : https://leslunettesdemaja.fr/cercle-des-parents-2/
Bien à vous,
Maja