L’éducation non violente semble avoir le vent en poupe. Conférences, ateliers parentaux, littérature… De nouveaux modèles d’éducation se développent avec une tendance a priori pavée de bonnes intentions. Et pourtant ; à en voir le nombre d’adultes se sentant d’autant plus démunis une fois lancé avec conviction, n’y aurait-il pas un certain nombre de couacs dans ce qu’on appelle « l’éducation non violente” ?
…Et pourquoi j’ai imaginé la démarche d’Accompagnement Respectueux des Enfants®.
Sommaire 👉
Éducation non-violente / Éducation positive : Les bases de la déformation
Chaque jeune parent conscient des vices de l’éducation dite traditionnelle commence par définir de lui-même ce qu’il souhaite transmettre ou éviter à son enfant. Et, assez naturellement, il pourra partir à la recherche de ressources complémentaires pour étayer son cheminement.
Vous avez probablement vous-même initié cette démarche et avez découvert un certain nombre d’objectifs communément admis derrière l’idée d’éducation non violente.
Si l’on en croit les informations facilement accessibles, ces modèles de parentalité se désignent par un fondement qui n’a bientôt plus aucune définition :
La Bienveillance
Évidemment, la bienveillance semble être le but ultime, le synonyme même de la non-violence.
Ses intérêts ?
- Traiter l’enfant avec douceur,
- Se montrer patient,
- Faire preuve d’empathie,
- Éviter de hausser le ton,
- Etc.
Il semblerait parfois qu’une telle quiétude ne puisse exister que dans les films.
En vérité, c’est une posture. Donc en tant que telle, elle ne peut être permanente. Donc on ne peut considérer qu’il existe des « personnes bienveillantes ».
Ça n’existe pas. Pas plus que les personnes colériques n’existent : on ne définit pas les individus par leurs émotions ni leur posture ; c’est une stigmatisation (qu’elle soit élogieuse ou non).⠀
Alors c’est quoi au juste la bienveillance ?Ce terme a été tellement galvaudé qu’on peine à en retrouver l’origine.
⠀Le Larousse nous dit : ⠀
« Disposition d’esprit inclinant à la compréhension, à l’indulgence envers autrui. »⠀
En neurosciences affectives et sociales, la bienveillance est souvent définie comme la combinaison de l’empathie cognitive et la sympathie (autrement dit : vouloir le bien d’autrui).⠀
Cette faculté étoffe donc nos aptitudes à soutenir quelqu’un, à créer du lien, à nourrir une relation. Elle permet de créer un environnement propice au déploiement de la confiance.
Pourquoi ça ne marche pas ?
Dans la parentalité dite positive, on apprend à dire « non » aux enfants, à grand renfort de phrases types pour rester “bienveillant.e, mais ferme”. La communication non violente est utilisée pour faire “coopérer” l’enfant, on lui demande de “réparer” ses bêtises plutôt que de le punir, etc., etc.
Les connaissances sur le développement de l’enfant ne sont pas utilisées pour mieux le respecter, mais bien pour trouver des façons plus “douces”, des astuces et méthodes “positives” permettant d’arriver à des objectifs de type :
- Se faire obéir sans crier,
- Poser des limites avec douceur,
- Sanctionner sans punir,
- Communiquer positivement pour que l’enfant écoute,
- Régler les rythmes de sommeil et d’alimentation,
- Etc.
Sournoisement, les adultes préconisant ces principes utilisent donc la bienveillance comme alternative à une éducation basée sur les violences, pour obtenir la coopération.
Or, cette “coopération” est utilisée en vue de faire faire à l’enfant ce que le parent désire. Il s’agit toujours de viser la soumission du plus jeune par l’obéissance, qu’elle soit explicite ou non. L’intention n’a pas changé. Ces adultes veulent que leurs enfants répondent à leurs attentes, qu’ils/elles soient “bien éduqué.e.s”, etc.
Sauf que la bienveillance à l’origine, n’a pas ce but.
Les parents, alors déçus que cela “ne marche pas” (que l’enfant ne fasse pas ce qui est attendu/n’obéisse pas), abandonnent et retombent dans la violence, puisque celle-ci peut se révéler être efficace pour obtenir soumission et obéissance.
Éducation non violente : Une vaste arnaque ?
Les intentions sous-tendues restent donc les mêmes qu’une éducation plus traditionnelle :
- Bien éduquer
- Avoir un enfant obéissant / sage
- Etc.
Utiliser de nombreuses astuces visant ces intentions entretiennent finalement les mêmes schémas qui mènent aux violences. Sans parler du fait qu’elles font perdre toute authenticité aux parents.
Garder en ligne de mire des objectifs éducationnels ne peut aboutir à une réelle non-violence puisqu’on ne s’attaque pas au vrai problème : le rapport de force.
En gardant une forme d’autorité sur l’enfant sous couvert de bienveillance, la verticalité de la relation perpétue les violences dites ordinaires. Finalement, cette éducation non violente continue de nourrir les rapports de force insidieusement, sournoisement, en ne libérant pas l’enfant de son statut ancestral de “moins-sachant”.
Comment s’y retrouver ?
Évidemment, cheminer vers la non-violence et le respect de l’enfant devrait couler de source. Le problème réside dans la manière dont beaucoup d’auteurs et de prescripteurs se jettent sur ces concepts et se les approprient sans considérer correctement ce que cela induit.
Si vous, en tant que parent, avez du mal à vous y retrouver, ce n’est donc pas étonnant. Entre nos conditionnements et les discours contradictoires, la prise de recul n’est pas simple.
Vous n’avez pas à vous sentir coupable (vous n’êtes plus un enfant subissant l’oppression), mais vous êtes responsables, ce qui induit qu’il ne tient qu’à vous d’avancer, à votre propre rythme.
Quid de la communication non violente ?
Les notions de base telles que les étapes OSBD de Marshall Rosenberg permettent effectivement une tout autre approche des relations et peuvent mener à une véritable transition, à condition toujours que l’intention reste pure.
Mais les astuces qu’on retrouve dans la parentalité “positive” confondent “communication non-violente” et “douces” manipulations.
In fine, de nombreux parents tentent de mettre en place les “solutions” proposées et constatent qu’elles ne marchent pas. Normal, puisque ce n’est pas de méthodes dont ils ont besoin, mais d’accéder à leurs propres ressources. Trouver des dénouements respectueux des enfants ne relève d’aucune méthode, mais cela peut nécessiter une aide.
Éducation non violente : Comment aller au-delà ?
Résoudre les problèmes dans les relations ça ne passe pas par des conseils extérieurs : ça passe par des solutions internes aux personnes impliquées dans la relation.
Vous êtes aux premières loges, vous, avec vos besoins et ceux de votre enfant (et/ou de votre conjoint.e). Vous êtes fait.e.s pour créer du lien et vivre de belles relations : c’est dans votre logiciel interne.
Rester vrai
Ici, je vous parle d’une parentalité réaliste : celle où vous n’ avez pas besoin d’avoir l’air de blanche neige dans une maisonnée proprette, des nains alignés à table en train de manger proprement leur soupe et un prince charmant qui vient vous sauver.
Quand vous vivez, vous ne pouvez pas faire abstraction de vos bagages et de vos contextes. Même s’ils sont franchement piteux et que vous rêvez de les effacer d’un coup de baguette magique.
Vous devez composer avec :
- les contraintes du quotidien,
- les changements de boulot,
- les déménagements,
- des deuils,
- des naissances,
- les enfants qui évoluent,
- votre état physique qui change
- parfois la maladie, le handicap
- etc.
Bref, la vie. Avec ce qu’elle a de rose, mais aussi de noir.
Vous devez donc trouver des stratégies pour vivre cette vie et en même temps être en cohérence avec vos aspirations d’un accompagnement respectueux.
Parce que, non, attendre que tel événement de la vie passe ou évolue pour enfin mettre plus en pratique cet accompagnement n’est pas envisageable : le temps passe vite (trop vite) et il y aura toujours quelque chose pour repousser l’échéance. Et en attendant, les enfants grandissent… ce serait du gâchis pour eux et pour vous.
Sans autorité, le chaos ?
Lorsqu’on souhaite offrir le meilleur à nos enfants et changer complètement de paradigme, ce n’est pas une mince affaire que de s’attaquer aux racines des violences.
Abandonner les rapports de domination, l’autorité, l’obéissance, ça nécessite une bonne dose de courage pour sortir de sa zone de confort. Mais avancer dans la confiance pour respecter l’enfant dans toute son intégrité, c’est s’offrir des relations saines et les meilleures conditions d’épanouissement pour chacun.
Ce ne sont pas des relations dans lesquelles on est toujours d’accord et où tout est rose. Tout le monde passe par des étapes difficiles, surtout lorsque la vie nous pousse dans nos retranchements.
Ce sont des relations où l’on grandit ensemble, dans une dynamique écologique pour chacun. La plus belle des aventures que je souhaite à tous les parents !
L’Accompagnement Respectueux des Enfants®
L’accompagnement respectueux de l’enfant® est une démarche que j’ai construite au fil de longues années d’observations et d’investigations dans le monde de la parentalité. Ce n’est ni une science ni une méthode, c’est une philosophie de vie. Le respect mutuel en fait partie.
Mon approche ne repose ni sur le jugement ni sur la culpabilisation. Pour moi, la prise de conscience est la première étape du changement et les erreurs font partie intégrante du processus. J’ai d’ailleurs tendance à parler d’expériences plutôt que d’erreurs, car celles-ci sont toujours porteuses d’enseignements.
Pour changer de lunettes, il faut avant tout s’ouvrir, comprendre, être prêt.e à remettre en question et à expérimenter.
Éducation ou Accompagnement ; Quelle différence ?
Ma démarche s’oppose à l’éducation dite positive/bienveillante pour toutes les raisons détaillées au long de cet article :
- Les auteurs/pro qui se disent relever de la parentalité positive conseillent sanctions, manipulations, récompenses, fermeté (rapport de force) : ce sont des violences dites éducatives ordinaires.
- En dehors des principes/injonctions de ces auteurs, il y a un phénomène inquiétant : dans la plus grande dissociation, des adultes se disent “contre les V.E.O.”, mais prônent avec fierté nombreuses d’entre elles, parce qu’ils réduisent les violences à la violence physique et/ou apparente.
- Le « faire faire à l’enfant » n’est pas remis en question : on lui fait faire, mais en utilisant des leviers (a priori) “doux” (sans contraintes apparentes). Rappel de la définition de la violence : “Contrainte, physique ou morale, exercée sur une personne en vue de l’inciter à réaliser un acte déterminé”.⠀
- Dans la posture de la parentalité positive, on ne tient pas compte des aptitudes et capacités du parent à répondre de manière bienveillante à l’enfant (on va vous dire en quoi c’est important d’être bienveillant comment le faire, mais quand vous n’y arrivez pas il n’y a aucune option !)
Or on ne peut pas être positif et bienveillant à chaque instant, mais on peut rester respectueux en toutes circonstances.⠀
Et si l’on n’y arrive pas : on peut l’apprendre.⠀Les aptitudes parentales et professionnelles peuvent se développer. Mais si l’on n’a pas conscience de ce qu’il y a à changer et si l’on fait des petits arrangements avec soi-même sur ce qui relève de la violence, il ne peut y avoir de changements.⠀
Par où commencer ?
Je vous propose ici des ressources vous permettant de :
- Changer de lunettes sur vos enfants en comprenant leurs besoins en lien avec leurs développement et spécificités (ma démarche est inclusive j’aide les parents d’enfants de tous âges dès la naissance – et même avant – et quelques soit leur atypies)
- Changer de lunettes sur vous-mêmes en comprenant vos propres besoins et émotions en vous aidant à les exprimer d’une façon qui colle à vos valeurs, quel que soit votre passé.
Et comme l’une des premières clés pour gagner en sérénité au quotidien c’est de court-circuiter nos préjugés pour regarder l’enfant avec de nouvelles lunettes, je vous invite à consulter les Dossiers thématiques prévus à cet effet.
Maja Mijailovic – Accompagnante parentalité