Crises au coucher à 2-3 ans : Comment les éviter ? Est-ce le terrible two qui perturbe son sommeil ?

“Mon enfant de 2 ans fait des crises phénoménales au moment du coucher. Il ne veut pas y aller. Il tape, crie, lance des objets. Il se met dans une colère noire. Je ne le reconnais pas.”

Cela vous rappelle quelqu’un ?

Vous n’êtes pas seul(e)…

De nombreux parents se sentent désemparés face aux nouvelles problématiques de sommeil qu’on retrouve chez de nombreux enfants de 2-3 ans. La plupart du temps, c’est le grand méchant “terrible two” qui est mis au banc des accusés. Et si cela n’était pas une simple “période de crise” ? Et si cette phase à traverser n’était pas aussi normale qu’on ne le dit ? Alors, comment accompagner et apaiser les tensions autour du coucher à + ou – 2 ans ?

C’est un mythe largement relayé, même chez les professionnels de la petite enfance : les petits qui ont du mal à s’apaiser pour dormir traversent le “terrible two”.

Sous-entendu “Ne vous inquiétez pas chers parents, ça passera”.

Mais en attendant comment fait-on ? Et si ça ne “passait” pas si facilement ?

Pourquoi mon enfant fait des crises au coucher et comment les éviter ?

En réalité, un enfant qui décharge des émotions fortes par les cris, les tapes, ou autres jets d’objets ne le fait jamais “pour rien”. Croire qu’il s’agit d’une simple phase d’opposition, que l’enfant doit apprendre à gérer ses frustrations, qu’il va finir par “se calmer”, c’est nier une grande part de ce qu’il vit, donc lui faire enfouir ses émotions.

Chercher à comprendre ce qu’il se passe pour votre bambin afin de l’accompagner avec une posture la plus adéquate possible est bénéfique sur tous les plans. Non seulement votre enfant s’épanouira d’une meilleure façon, mais en plus vous pourrez enfin souffler et profiter d’une belle relation au quotidien.

Dans cet article, on va s’attaquer à une problématique particulière que traversent beaucoup de parents qui supposent que leur bébé est en plein “terrible two” : le sommeil.

Lorsque l’enfant atteint les 18 mois, 2 ans~2,5 ans, les “crises” au coucher surviennent la plupart du temps pour 3 raisons :

1. Mon enfant ne veut plus dormir seul

Gardez bien à l’esprit que :

  • L’être humain fait partie des espèces censées dormir en famille. Le cerveau de l’enfant est toujours “programmé” selon ce modèle (impossible de lutter contre…),
  • Dormir seul peut faire ressentir à l’enfant une grande insécurité (et à 2-3 ans il n’aura pas encore la capacité de raisonnement nécessaire pour comprendre qu’il est bien “protégé” dans sa chambre).

Donc lorsqu’on impose à un enfant de dormir dans une chambre séparée, il arrive (presque toujours) un moment où celui-ci va refuser d’aller se coucher parce qu’il angoisse à l’idée de se retrouver seul. Et ce, même s’il a été en cododo jusqu’alors.

S’il ne faut pas oublier de proposer à l’enfant de dormir dans sa propre chambre (pour ne pas entraver son besoin d’autonomie) en réalité c’est plus souvent les parents qui décident quand c’est “le moment” d’arrêter le cododo.

Lorsqu’on incite fortement à ce changement, qu’on fait preuve d’un peu trop de chantage affectif ou autre pression (“Tu es grand maintenant”, “Allez tu es courageuse, tu n’as plus besoin de papa et maman”, etc.) l’enfant va peut-être “accepter”. Or, il n’aura pas réellement été à l’initiative de ce choix.

  • Il va alors se retrouver seul avec ses angoisses, ses inquiétudes, alors qu’il n’était pas prêt à gérer cela.
  • De nombreuses “luttes au sommeil” (“Je veux encore un verre d’eau”, “J’ai encore faim”, “Il y a un monstre sous mon lit”, etc.) cachent en réalité cette impossibilité de lâcher prise pour s’endormir, parce que l’enfant a trop peur de se retrouver tout seul.

Il n’est jamais trop tard pour “rattraper” un manque de présence nocturne en proposant un sommeil en cododo “tardif”. Même pour un enfant plus grand, vous pouvez proposer un retour à la chambre familiale le temps qu’il retrouve confiance et sécurité lui permettant de dormir paisiblement. (promis, il quittera votre lit avant ses 15 ans !)

2. Mon enfant ne veut jamais aller se coucher

Mais pourquoi diable ne veut-il jamais aller au lit ?!

La première question à se poser c’est : est-ce qu’on propose au bon moment ? Puisque si l’enfant est fatigué et se dit “j’ai envie de dormir”, il ne va pas changer subitement d’avis et dire “je ne veux pas aller me coucher”. S’il exprime un refus, c’est que notre proposition ne lui convient pas.

Alors pourquoi ?

  • Est-ce que nous l’avons proposé au bon moment pour lui ?
  • Avons-nous effectivement observé des signaux indiquant un besoin de repos ?
  • Ou a-t-on proposé le coucher selon un horaire ?

Si le rituel du coucher est lié à un horaire, il se peut que celui-ci correspondait effectivement à son endormissement pendant quelque temps. Or, le sommeil des enfants évolue, et dans la troisième année de vie l’heure d’endormissement peut commencer à se décaler. C’est un décalage du rythme circadien du sommeil qui intervient. Cela explique bien souvent que la routine adoptée un temps ne convienne plus à l’enfant désormais.

C’est tout logiquement que l’enfant refuse alors de se coucher puisqu’il ne ressent pas la fatigue. Et si l’on garde nos rituels par automatismes, on risque d’entrer en conflit inutilement en imposant une heure de coucher qui n’est plus adéquate.

3. Mon enfant lutte contre le sommeil alors qu’il est épuisé

Si l’on a effectivement éliminé les possibilités précédentes, donc que :

  • L’enfant a la possibilité de dormir en cododo jusqu’à ce qu’il se sente prêt à dormir seul,

    ET

  • La proposition du coucher est faite selon les signaux de fatigue et non selon un horaire précis,

Et malgré tout, il continue à lutter…

Lorsqu’on observe des crises virulentes à l’idée d’aller dormir, il est évident que l’enfant exprime une véritable atteinte à ses besoins. Qu’est-ce qui peut à ce point le pousser à refuser de se coucher s’il est épuisé ?

Ce qui est à explorer, ce sont les autres besoins : sont-ils véritablement comblés ? Même lorsque l’enfant semble complètement épuisé, il est possible qu’il ne puisse pas lâcher prise pour s’endormir si d’autres besoins primordiaux n’ont pas été suffisamment remplis.

Évidemment, la faim et la soif peuvent entrer en jeu, mais la plupart des parents passent à côté de 2 autres besoins déterminants :

  • Le besoin de jeu : même si l’enfant a beaucoup d’occasions de jouer dans sa journée, peut-être qu’il n’a pas pu aller au bout de l’expérience en cours, ou peut-être n’était-ce pas suffisant (par exemple s’il a passé la journée en collectivité à devoir supporter beaucoup de stimulations)
  • Le besoin de lien : de nombreux enfants souffrent d’un manque de présence efficiente avec leurs parents et repoussent alors le moment du coucher pour rattraper ce temps de complicité indispensable. Il ne s’agit pas forcément d’un manque de “temps”, c’est plutôt une question de “qualité” (si nous sommes absorbés dans nos pensées ou faisons de multiples choses à la fois, par exemple). S’occuper de nourrir le lien d’attachement permet à l’enfant de lâcher prise plus facilement au moment de s’endormir.

Couchers interminables, endormissements difficiles

On a vu ci-dessus 3 pistes à explorer pour en finir avec les crises autour du coucher. Cependant attention : un enfant, même à 2-3 ans, qui parle très bien, peut souffrir de douleurs ou autres troubles physiologiques sans arriver à le verbaliser (même certains adultes ont parfois du mal à réaliser que leur mauvaise humeur est provoquée par une tension dans le corps ou une maladie « bénigne » qui traîne…).

Ce n’est pas une simple phase “d’opposition” ou “terrible two” qui est en jeu. Attention à ne pas prendre à la légère certaines crises au prétexte que la plupart des gens pensent que c’est normal. Je vous invite à prendre ces états au sérieux et à explorer la piste physiologique.

Si vous ne l’avez pas encore visionné, je vous renvoie vers la vidéo dans laquelle j’explique pourquoi le terrible two est une hérésie et qu’il peut être dangereux de croire que les enfants traversent des périodes de crise, que c’est comme ça, et que c’est normal.

À retenir pour les difficultés autour du coucher :

  1. Un enfant peut angoisser par anticipation et refuser de se coucher parce qu’il n’est pas encore prêt à dormir seul ou qu’il a besoin un temps de revenir auprès de ses parents, en cododo, afin de remplir son besoin de sécurité,
  2. Veillez à proposer le coucher (avec ou sans rituel en fonction du tempérament de votre enfant), non pas selon un horaire fixe, mais en observant les signaux de fatigue,
  3. Bien souvent, les enfants repoussent le moment du coucher parce qu’ils ont besoin de remplir d’autres besoins (de lien, d’expérience, de divertissement, etc.)
  4. On ne peut forcer le remplissage d’un besoin physiologique, donc même lorsque l’enfant semble épuisé, mais hiérarchise ses besoins autrement (par exemple en privilégiant de passer un plus long moment auprès de ses parents pour remplir son besoin de lien), rien ne sert de lui imposer de remplir un besoin plutôt qu’un autre,

Le sommeil, comme tout autre besoin physiologique, est un processus qui s’accompagne. Notre rôle de parent se situe donc dans l’observation et l’identification de ses besoins, afin de proposer des solutions pour les combler.

Forcer un enfant à se coucher, même lorsqu’il semble épuisé et lutte contre le sommeil, revient à entraver l’autonomisation et à entraîner d’autres problématiques par la suite.

Si vous avez besoin d’un accompagnement plus approfondi à ce sujet, l’Atelier Sommeil est prévu pour vous ! Il vous donne toutes les clés et les actions concrètes à mettre en place pour accompagner votre enfant vers une autonomie totale du sommeil. À découvrir ici.


Maja Mijailovic – Accompagnante parentalité

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