La Communication non violente avec les enfants : aussi simple qu’une histoire de girafe ?

Vous vous demandez comment améliorer vos échanges avec vos enfants ? Vous aimeriez tirer profit de la communication non violente, mais elle vous paraît difficilement applicable au quotidien ? Pourtant, sans se plonger dans l’apprentissage complet de cette approche, il est possible d’en intégrer les fondamentaux et d’apaiser vos interactions dès aujourd’hui. Découvrez quels outils tirés de la CNV sont utiles à l’Accompagnement Respectueux des Enfants®, notamment dans les moments difficiles où les émotions s’accaparent nos réactions.

Qu’est-ce que la communication non violente ?

Vous en avez peut-être déjà entendu parler. Ce “langage du cœur”, on le doit au docteur Marshall B. Rosenberg (1934-2015). Ses travaux ont été inspirés (entre autres) par Carl Rogers, dont il a été l’élève.

La démarche de communication non violente proposée par Marshall Rosenberg se décline en 4 temps :

  1. Observations : plutôt que de juger/interpréter instantanément ce que font les autres, apprenons à regarder concrètement les faits qui nous plaisent ou nous déplaisent, en dehors de tout jugement de valeur.
  2. Sentiments : exprimons simplement nos ressentis.
  3. Besoins : allons trouver quel besoin satisfait ou insatisfait a provoqué ces émotions et informons-en notre interlocuteur sans le commander. (exit le : “J’ai besoin que tu …”)
  4. Demandes : indiquons avec précision et clarté ce que nous désirons de l’autre qui nous aiderait à remplir nos besoins, sans l’exiger ni l’imposer.

Utiliser la communication non violente dans les relations familiales

Dans son ouvrage Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)”, le père de la CNV nous cède ainsi un premier exemple :

“La mère d’un adolescent pourrait ainsi exprimer ces trois points en disant à son fils : “Félix, quand je vois trois chaussettes sales sous la table du salon et deux autres sous la télé, je suis de mauvaise humeur parce que j’ai besoin de plus d’ordre dans les pièces que nous partageons.” Elle compléterait aussitôt en exprimant la quatrième composante, à savoir une demande précise et concrète : “Tu veux bien ranger tes chaussettes ou les mettre au sale ?”

De la même façon en retour, la CNV consiste à percevoir dans les messages de nos interlocuteurs les 4 mêmes composantes précitées :

  • Chercher à percevoir les faits dont il parle,
  • Comprendre ce qu’il ressent,
  • Entrevoir les besoins qu’il éprouve,
  • Identifier ce qui pourrait contribuer à son bien-être.

Pourquoi utiliser la communication non violente avec nos enfants ?

Cette approche paraît simple et très louable, mais qu’en est-il de son usage au quotidien ?

Lorsqu’on souhaite cheminer vers une éducation non violente et notamment apaiser nos interactions avec nos enfants, il est nécessaire de rester pragmatique :

  • en tenant compte d’où nous partons (quel mode de communication nous avons reçu au travers de notre éducation) et
  • en se donnant des arguments suffisants pour tenir le cap.

En quoi la CNV est-elle plus bénéfique que nos habitudes de langage spontanées ?

  1. Pour l’enfant : les mots ont un impact bien au-delà de ce qu’on imagine et peuvent marquer un enfant de façon indélébile. Ce n’est pas tant leur sens qui est retenu par l’esprit, mais ce qu’ils opèrent comme transformation de la personnalité. L’individu perd peu à peu son estime de soi et sa confiance. Choisir ses phrases en toute conscience, c’est un cadeau qu’on fait à la vie de chaque enfant.
  2. Pour la relation : la CNV permet de préserver le lien quoiqu’il arrive. Cet effort soutenu de garder une relation de qualité sur la durée est perçu par l’enfant qui pourra s’appuyer sur la sécurité que cela procure.

Pour soi : se connecter à ses émotions et ses besoins est un cadeau qu’on se fait l’amour de soi est aussi un élément important.

CNV et colère

Gestes explosifs, paroles blessantes, langage non verbal qui transpire la fureur, lorsqu’on est en colère, peut-on réellement rester pacifistes ?

⁣Chez les enfants comme chez les adultes, ne pas être entendu dans son besoin engendre un sentiment d’ébullition. C’est humain.⁣

Néanmoins, avec nos capacités cérébrales d’adultes, nous sommes censés être en mesure de réorienter l’expression de cette vague d’émotions déclenchée par la colère.

Comment sauver la situation quand on est submergé ?

Lorsque la fureur nous prend à la gorge, il peut nous sembler impossible de modérer nos réactions dans l’immédiat. Pourtant, il est possible de “hacker” ces automatismes ancrés en nous.

En se focalisant sur notre besoin.

Oui, ça a l’air simple dit comme ça !

Mais en effet ; se centrer sur notre besoin au moment où cette vague d’énergie s’empare de nous permet de couper l’élan de colère qui s’apprête à s’abattre directement sur notre enfant (avec toutes les conséquences délétères que l’on connaît). ⁣

Exemple

Imaginons que vous soyez en train de vous reposer dans votre salon après une journée très tendue. Et là, votre enfant débarque avec le jouet le plus bruyant de la planète juste à côté de vous.

Vous pourriez réagir sur le vif et crier : “Arrête ce bruit tout de suite et file dans ta chambre !!!”

OU

Vous pourriez souffler : “Stooop, là j’ai besoin de calme et de silence.”

Et dans ce cas, en employant le “J’ai besoin de”, votre message sera beaucoup moins violent. Vous pourrez plus facilement revenir sur cette situation à froid pour expliquer à votre enfant que vous vous êtes exprimé un peu sèchement et accueillir ses émotions si cela l’a effrayé. Mais ces propos ne lui auront pas causé les souffrances que peuvent engendrer des cris directement dirigés sur lui.

Adopter de nouveaux réflexes de communication ne peut se faire en un jour. Mais grâce à des options d’alternatives, utilisables même “dans l’urgence”, vous pouvez avancer au profit d’un équilibre dans votre relation avec votre enfant. ⁣

⁣Lorsqu’on n’y parvient vraiment pas ?

“Joker !”

Quand on a l’impression de ne plus rien y comprendre, qu’on ne perçoit pas de quoi nos enfants ont besoin, qu’on voit que c’est difficile pour eux, mais qu’on ne sait pas pourquoi ni comment les aider, que les multiples sollicitations s’ajoutent à notre charge mentale déjà bien lourde, on aimerait juste que tout s’arrête.

Heureusement, il existe un “joker”, que j’appelle ainsi puisqu’il perdrait évidemment de ses qualités si nous l’utilisions à tout bout de champ ou à mauvais escient.

De quoi s’agit-il ?

En dehors de toute situation difficile, “à froid”, lors d’un moment de pleine connexion avec mon enfant, je lui tiens ce type de conversation :

  • Je lui verbalise que j’ai identifié que c’était difficile pour lui en ce moment et qu’il avait visiblement un gros besoin,
  • Que je n’arrive pas encore à comprendre de quoi il s’agit, mais que je vais tout faire pour l’aider,
  • Je le remercie de me faire confiance et de continuer à m’exprimer ses besoins,
  • Et je lui rappelle que je serais toujours de son côté, que je l’aime et que mon amour ne changera jamais.

Je ne le questionne pas, je ne parle de rien d’autre que de mon soutien et mon amour inconditionnel.

Quand ils se sentent aimés et soutenus en toutes circonstances, nos enfants n’ont pas de raison de ne pas nous adresser leurs besoins. Et même s’ils ne les expriment pas d’une façon « logique et claire » pour nous, ils les expriment avec leurs moyens tant qu’ils ont confiance. À nous d’honorer cette assurance.


Maja Mijailovic – Accompagnante parentalité

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