Lorsqu’on ose le grand pas de côté et qu’on déscolarise (ou qu’on ne scolarise pas) nos enfants, après le grand soupir de soulagement, vient souvent la petite bouffée d’angoisse. Ce sont les mêmes doutes qui surgissent la plupart du temps chez ceux qui se lancent dans l’I.E.F (instruction en famille) : “Par où commencer ?”, “Quelle organisation adopter ?”, “Comment prendre un bon départ ?”.
À en avoir le vertige parfois, le sujet des apprentissages est un domaine vaste et complexe. Il en existe bien des recettes, méthodes et autres formules “clés en main”.
Pourtant, vous n’avez besoin de vous saisir pleinement que de 3 postures clés (+1 question) sur lesquelles vous appuyer pour bien démarrer “l’école à la maison”.
Sommaire 👉
École à la maison : Par où commencer ?
Une fois vos démarches administratives effectuées, vous voici lancés dans le grand bain !
Et peut-être qu’à rechercher l’organisation idéale pour votre famille vous en avez déjà le tournis ?
Voici une (et une seule !) vraie question à vous poser pour exploiter tous vos potentiels (même ceux que vous ne soupçonnez pas 🙃)
➡ Quelles sont vos motivations profondes pour vous engager dans l’instruction en famille ?
Comme toute démarche dans un projet de vie, vous questionner de façon approfondie vous permet de lister des valeurs fondamentales :
- celles que vous voulez préserver,
- celles que vous voulez développer,
- celles que vous voulez acquérir.
Puisqu’en réalité, pour prendre un bon départ, viser juste et choisir le “bon chemin”, la meilleure des réponses, c’est la vôtre (et celle de votre enfant) !
Nous portons tous des valeurs très variées. Certaines sont universelles : la liberté, le lien, le partage… Mais ce qui nous permet de réussir un projet de vie tel que l’instruction en famille, c’est de vérifier régulièrement la cohérence entre nos actions et nos valeurs propres (et non celles des voisins).
➡ Faire des choix avec lesquels vous êtes alignés et les réévaluer constamment ne peut se faire qu’en prenant un grand pas de recul et je vous invite à prendre ce temps de réflexion décisif.
Pour ma part, dans cette quête du “bon départ”, j’ai toujours été inspirée par les principes de Sandra Dodd qui les résume dans cette phrase aux injonctions percutantes : “Read a little, try a little, wait a while, watch.” (“Lisez un peu, essayez un peu, attendez un peu, observez.”)
J’en ai donc tiré des postures itératives permettant de se mettre sur les bons rails (et d’y rester)
Organisation de l’instruction en famille : 3 postures simples à adopter pour tout réussir
1/ S’informer de façon éclairée
L’étape “prise d’informations” est importante en instruction comme dans de nombreux domaines.
De nos jours, les ressources ne manquent pas. Bien au contraire, il y a parfois de quoi s’y perdre. Alors au milieu des tonnes de livres, blogs et articles divers, veillez en premier lieu à qualifier vos sources :
- Commencez par les associations qui mettent à disposition les informations les plus sûres (LAIA, FELICIA, UNIE, etc.),
- Prenez du recul face aux “on-dit” et aux récits des autres (parfois hyperangoissants) sur les réseaux sociaux,
- Restez ouvert et souple, mais ne perdez pas de vue ces fameuses valeurs propres à votre situation dont nous avons parlé ci-dessus.
2/ Tester !
Devant la masse d’informations et de possibilités qui s’offrent aux parents instructeurs, on peut avoir tendance à penser qu’il faut tout savoir pour bien faire. C’est faux !
Il n’est pas utile d’avoir tout lu et ingurgité tout ce qui touche au sujet des apprentissages pour s’y essayer.
➡ C’est en pratiquant que des idées pourront émerger et c’est à chaque test que de nouvelles perspectives s’offriront à vous (et à vos enfants !).
En instruction, la boucle vertueuse s’enclenche à partir du moment où l’on s’offre le droit à l’erreur. Les allers-retours entre l’expérimentation et les idées nourrissent la démarche et son efficacité.
S’accorder le droit à l’erreur, c’est aussi se permettre d’apprendre soit, en tant que parent instructeur. Une belle dynamique à propager au sein de la famille, quelles que soient les méthodes et approches pédagogiques choisies.
3/ Observer
Bien sûr, dans ces expériences la clé de tout c’est l’observation. Grâce à elle, nous pouvons analyser nos pratiques et leurs effets, nos actions et nos réactions.
Observer, c’est prendre le temps de constater en quoi ce qu’on met en place est profitable (ou non), voir comment nos enfants se sentent et de quelle façon ils évoluent grâce à nos démarches.
➡ Même s’il est important d’apprécier vos propres intérêts et bénéfices, prêtez attention à toujours partir du point de vue de votre enfant. Il s’agit tout de même du principal intéressé.
Je vous invite aussi à préserver toutes vos observations de la comparaison. Les autres familles en IEF ne sont pas dans votre démarche (même lorsqu’ils semblent s’en rapprocher) et leurs points de vue peuvent être empreints de peurs et de croyances.
Gérer la pression sociale est déjà souvent un sujet quand on est “non-sco”, ne vous surchargez pas d’avis non désirés potentiellement nuisibles à vos élans.
➡ C’est en vous focalisant sur votre enfant et son évolution que vous serez plus pertinent dans l’analyse de vos pratiques.
Instruction en famille : Comment faire plus concrètement ?
J’ai peur de ne pas apporter un environnement suffisamment riche / intéressant
Chaque enfant a des intérêts différents et des façons de mobiliser ses compétences dans les apprentissages. L’utilité et le sens des ressources, supports et environnement proposés s’évaluent et s’ajustent au fil de temps (cf. 3 postures ci-dessus).
De nombreuses peurs viennent de nos conditionnements aux apprentissages.
Or un enfant n’a pas besoin de vivre dans un musée ni dans une bibliothèque en étant en IEF. Il n’a pas non plus besoin d’être constamment occupé.
En instruction en famille on doit :
- Se soumettre au contrôle de l’Inspection académique 1x/an,
- se soumettre au contrôle de la mairie tous les 2 ans,
- exposer sa démarche d’instruction (moyens mis oeuvre)
- permettre à l’enfant de progresser (c’est la progression qui est évaluée d’une année à l’autre)
Les contrôles se préparent. De nombreuses associations vous permettent d’appréhender sereinement ces rendez-vous et d’anticiper les difficultés que vous pourriez rencontrer.
J’ai peur que mon enfant ne soit pas suffisamment préparé à un possible retour à l’école / poursuite d’étude / ou au monde du travail
Les enfants instruits en famille subissent généralement moins les effets délétères du système de compétition / performances.
De ce fait, ils voient plus facilement les examens comme un jeu et se mettent moins la pression.
En ayant été habitués à trouver du plaisir dans les apprentissages, ils poursuivent leurs études selon leurs aspirations et réussissent souvent mieux que les enfants contraints à un système ne respectant ni leurs besoins ni leurs intérêts.
C’est LA grande préoccupation de la plupart des parents se lançant en IEF.
La bonne nouvelle, c’est que vous trouverez donc pléthore d’exemples de tous types auprès de ceux qui ont trouvé leur équilibre.
Toutefois, ayez déjà à l’esprit que vous n’êtes pas obligés, vous en tant que parent, d’apporter l’instruction vous-même exclusivement. De plus, vous êtes entièrement libre de créer les modalités d’instruction : vous n’avez pas à suivre les programmes de l’éducation nationale ni leurs horaires.
Donc dans les faits, vous pouvez imaginer tout ce que vous voulez ou presque.
Dans les modèles qui reviennent le plus souvent on trouve : l’un des parents travaille à temps plein pendant que l’autre s’occupe des enfants, les 2 parents travaillent à temps partiel et se relaient auprès des enfants, le parent solo qui travaille à temps plein pendant que l’enfant est gardé et de nombreuses familles réorganisent aussi complètement leur mode de vie par exemple en exploitant des activités réalisables depuis chez soi et/ou avec des horaires choisis… Mais encore une fois, les possibilités sont innombrables.
La meilleure façon de faire est celle qui correspond aux besoins de l’enfant et à l’équilibre de la famille (oui, c’est facile dit comme ça, mais c’est la seule bonne réponse 😉).
En instruction en famille on peut :
– suivre le programme de l’éducation nationale,
– ou faire son propre programme,
– ou ne suivre aucun programme,
– proposer des activités formelles,
– faire de l’informel / se baser sur les apprentissages dits autonomes ou libres,
– ou… mixer tout ça !
Pour certains parents, les cours par correspondance (CPC) sont rassurants puisqu’il y a “simplement” un programme à suivre, des devoirs à rendre, etc. Certains enfants sont très bien avec ce système, pendant que d’autres s’y sentent étouffés et préfèrent davantage de souplesse.
D’autres familles n’imposent aucun travail formel (unschooling) et tout se passe très bien aussi pour elles. Le mieux est de faire ses propres expériences et d’ajuster en fonction des besoins de chacun.
Non, vous êtes complètement libres de vos choix en ce qui concerne :
– la mise à disposition de ressources pédagogiques,
– l’organisation des espaces,
– l’organisation du temps,
– le contenu de l’instruction,
– les méthodes pédagogiques (d’en suivre ou non et lesquelles suivre)
Maja Mijailovic – Accompagnante parentalité