Faire respecter les règles (à la maison et en dehors)

Vous vous demandez comment établir des limites tout en restant justes ? Quelle posture tenir lorsqu’un enfant transgresse un interdit ? Comment faire respecter les règles de vie sans faire de menaces ? Les réponses à ces questions ne sont pas toujours évidentes, mais si vous sentez que vous n’êtes pas toujours aligné(e) avec vos réactions, vous faites bien de vous arrêter pour un temps de réflexion. Dans cet article, je décortique ces concepts pour vous aider à apaiser vos relations avec vos enfants.

À partir d’un certain âge, les enfants peuvent comprendre qu’on restreigne leur liberté quand elle interfère avec celle d’autrui. Mais en attendant, les interdictions sont arbitraires et donc incompréhensibles pour eux dans tous les cas. Alors, pour ne pas les malmener inutilement (et abîmer vos relations avec eux), prenons de la hauteur pour analyser ce qu’il en est.

Pourquoi est-ce important de faire respecter les règles ?

Lorsqu’on devient parent (ou professionnel de la petite enfance/ instit’/ etc.), on se met à suivre certains objectifs, à adopter certaines postures que la plupart des adultes prônent, sans forcément les remettre en question. C’est très souvent ce qu’il se passe lorsqu’on édicte un cadre et des règles “classiques.

Malheureusement, notre société n’est pas aidante pour faire évoluer ces vieux préceptes. Dès qu’on remet en cause ces restrictions parfois abruptes, de nombreux adultes crient au scandale ou poussent à la culpabilité.

Les interdits et les limites seraient nécessaires au bon développement des enfants, sans quoi ils deviendraient des petits tyrans ou des sauvages. Même dans les courants d’éducation positive, il y a ce martelage à propos des “limites nécessaires”, du “besoin de cadre”, etc.

Quand on chemine vers un accompagnement respectueux des enfants, il est indispensable de reconsidérer la sacro-sainte “importance” des règles.

Règles, limites et interdits, le vrai du faux

Que se passe-t-il habituellement lorsqu’on définit des principes (plus ou moins figés) sur ce que peut faire ou ne pas faire un enfant ?

  1. La plupart du temps, ces restrictions ne s’appliquent pas aux adultes,
  2. Ils sont décidés par les adultes de façon très arbitraire, en partant de leurs croyances ou de leurs peurs, donc on impose aux enfants notre vision des choses et nos décisions

Il est alors évident qu’on fait face à un fonctionnement adultiste.

Mais les enfants ont besoin de limites !

Là encore, attention aux mythes bien ancrés : le “besoin de limites” ça n’existe pas. Si tout être humain a des besoins à remplir, aucun individu n’a besoin qu’on lui impose des limites.

➜ Il n’y a donc pas lieu de prôner des limites, ni comme gages de sécurité (affective ou physique), ni comme étant nécessaires au bon développement des enfants.

➜ C’est aux adultes de prendre en charge les besoins des petits jusqu’à ce qu’ils soient autonomes et de veiller à leur sécurité.

➜ Pour ce qui est de savoir vivre en société et de veiller aux dangers potentiels, les enfants apprennent les limites en les expérimentant. C’est ainsi qu’ils se construisent un référentiel interne, dans les interactions humaines, à condition que les adultes qui les accompagnent restent cohérents :

  • en respectant eux-mêmes les limites des enfants,
  • leurs capacités,
  • leurs états émotionnels,
  • et en vérifiant toujours leur consentement.

Lorsqu’on prend du recul sur nos croyances limitantes, on se libère des conflits autour des limites arbitraires, subies injustement par les enfants.

Mais mon enfant est ingérable !

Très régulièrement, des parents me parlent de leurs difficultés à “gérer” leur(s) enfant(s), à le(s) “canaliser”.

Attention à cette façon de voir les choses.

“Gérer”, “canaliser”, ce sont des mots que l’on utilise lorsqu’on a l’intention d’avoir une action sur l’enfant, une forme d’emprise (sur son comportement, sur son état, etc.). Or, on ne peut pas contrôler les émotions de quelqu’un, on ne peut pas contrôler son état, on ne peut pas contrôler sa personne. Si l’on est dans cette dynamique-là, il y aura forcément une verticalité, un rapport de force qui va en découler.

➜ Cette posture finit toujours dans les violences.

Quelqu’un qui est soumis au contrôle, à une forme d’oppression, qu’elle soit franche et physique ou plus pernicieuse peut réagir de deux façons :

  • soit par la résignation, c’est-à-dire que l’enfant va se résigner et va plier, donc perdre sa confiance dans ses capacités et son estime de lui, ce qui le rend vulnérable à n’importe quelle autre oppression.
  • soit par la rébellion de l’enfant à un moment donné dont les comportements vont traduire cette suffocation par l’agressivité voire par de la violence avec son lot de comportements antisociaux

J’invite donc à changer de dynamique en ne pensant plus en ces termes “gérer” / “canaliser”, mais en essayant de voir que derrière ses comportements il y a des besoins.

Quels sont les besoins de l’enfant ? Pourquoi se comporte-t-il comme ça ?

Il est indispensable de tenter de comprendre quels sont ses besoins pour pouvoir y répondre. Ainsi on évite de tomber dans ces automatismes qui découlent du rapport de force (cris, mots blessants, etc.).

Comment faire respecter les règles de vie à la maison (et en dehors) ?

Maintenant qu’on a fait le tri entre croyances et vérités fondées, vous êtes peut-être dubitatifs et vous dites

“OK, mais on fait comment alors ?!”

En réalité, tout individu respecte les règles qu’ils jugent utiles et justes. Le mieux est donc de bien les définir pour qu’elles s’appliquent d’elles-mêmes.

Fixer de “bonnes” règles avec la méthode “DAC”

Le principe est simple : si vous souhaitez que des règles “fonctionnent” (qu’elles soient acceptées), il faut qu’elles aient du sens pour tous.

Les règles avec lesquelles tout le monde sera d’accord suivent la formule “DAC” :

➜ Décidées par tous :

  • une règle est soumise par un membre de la famille selon ses besoins,
  • elle est ouvertement discutée et décidée ensemble (par les personnes concernées).

➜ Adaptées aux capacités des enfants :

  • les capacités des enfants diffèrent de celles des adultes,
  • les règles doivent constamment s’adapter à ces capacités en développement,
  • donc elles ne peuvent pas être figées…

➜ Concernent le vivre ensemble :

  • les besoins de tous doivent être respectés (il n’y a pas des individus dont les besoins sont plus importants que ceux des autres),
  • les stratégies de chacun peuvent diverger et entraver les besoins des autres lors du vivre ensemble donc il est nécessaire de s’accorder à ce sujet.

À défaut, elles seront mal vécues : perçues comme injustes, arbitraires, voire violentes elles ne seront pas suivies et créeront des conflits. Les relations et les individus peuvent en souffrir.

Les règles de sécurité…

…sont hors sujet ici !

La sécurité relève de la responsabilité des adultes uniquement : c’est à eux de la garantir (cela n’empêche pas d’expliquer et d’accompagner à ce sujet).

In fine, dans la sphère familiale il y a peu de règles si l’on reste dans la tolérance, la souplesse et le dialogue.

Comment réagir lorsque les règles ne sont pas respectées ?

On l’a vu ci-dessus, la meilleure option c’est d’établir des règles admises par tout le monde. Mais que faire lorsqu’il y a non-respect de ces limites ? Faut-il “céder” ? Plusieurs choses sont à considérer :

1. Un enfant qui ne suit pas une règle qu’il a l’habitude de respecter est en difficulté.

Il ne s’agit donc pas de “céder”, mais plutôt de s’ajuster. Pour cela, gardez à l’esprit que les enfants font toujours du mieux qu’ils peuvent.

2. Trouvez à qui appartiennent les besoins, les responsabilités et les choix.

Ce n’est pas aux enfants de remplir les besoins des adultes, ils peuvent nous y aider parfois, mais lorsque ce n’est pas possible pour eux, nous sommes seuls responsables de nos besoins et des leurs.

3. Prenez conscience de votre frustration

➜ Lorsqu’on a l’impression que l’enfant n’entend pas, n’écoute pas, ne coopère pas, alors qu’on émet une demande, on peut ressentir une grande frustration et mal réagir. Appuyer sur “pause” un instant pour accueillir nos émotions est souvent salvateur.

4. Cherchez à comprendre ce qui empêche votre enfant d’obtempérer

➜ Un enfant pour qui tout se passe de façon convenable devrait parvenir à coopérer. S’il ne le fait pas, c’est qu’il ne peut pas. Ce n’est pas volontaire, il s’agit d’une incapacité. Il faut alors chercher à comprendre pourquoi, décortiquer la situation, pour apporter des informations à l’enfant ou un format d’informations qui lui conviendra mieux, lui permettant d’entendre les demandes.

Mais si l’enfant se gave de chocolat tous les jours ?

et s’il passe des heures derrière la télé ?

et s’il ne veut pas se brosser les dents ?

Pour toutes ces questions, la réponse est la même : notre rôle de parent est d’accompagner les enfants vers leur propre autonomie.

Suivre simplement des règles ne suffit pas à gagner en indépendance, cela peut au contraire empêcher de se développer en se faisant confiance.

➜ Vous trouverez des guides complets qui traitent ces questions (alimentation, sommeil, écrans, hygiène, etc.) à votre disposition gratuitement ici.

Comment apprendre le respect aux enfants ?

Le respect ne s’apprend pas, il se vit !

Face aux conventions sociales, aux attentes de l’entourage, il est courant que les adultes cherchent à inculquer le respect et la politesse aux enfants par des règles.

Or si je vous dis “Je vais t’apprendre ce que c’est que le respect moi !”, quelle image vous vient ?

Alors, comment les enfants apprennent-ils à être respectueux ? Et bien comme pour beaucoup d’acquisitions : par imitation et interactions sociales.

C’est donc en commençant par respecter son enfant : son intégrité physique et psychoaffective, ses besoins et en lui faisant pleinement confiance, qu’il pourra en faire de même à son tour.

Maja Mijailovic – Accompagnante parentalité

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