De nombreux parents m’interrogent sur ces comportements violents. Comment réagir lorsque notre enfant tape ? Que faire pour éviter ces colères ?
Il n’existe pas de recette miracle en parentalité. Et malheureusement, la plupart des adultes se retrouvent en difficulté parce qu’ils ne comprennent pas les réactions des tout-petits, donc ils continuent d’agir par habitude.
Dans cet article, je vous partage toutes les informations qui vous permettront de cheminer vers une posture respectueuse. Vous serez alors bien plus confiant et à même d’accompagner ces moments “explosifs”, autrement appelés “tempêtes émotionnelles”.
Sommaire 👉
Pourquoi l’enfant tape / jette / casse / tout lorsqu’il est en colère ?
L’enfant exprime authentiquement ce qu’il vit à l’intérieur de lui.
Pour comprendre et se rassurer à propos des comportements agressifs de nos enfants, il faut savoir que :
- Crier, hurler
- Frapper, taper (ses parents, soi-même, ou d’autres enfants)
- Jeter tout par terre, casser des objets/des jouets,
- Se rouler par terre
- Griffer, mordre,
- Etc.,
Toutes ces attitudes non convenables socialement, exprimant une émotion forte comme la colère, sont “normales” jusqu’à 6/7 ans ! La maturité cérébrale des plus petits leur empêche de faire autrement1.
Bien sûr, cela n’empêche pas qu’il faut les aider à extérioriser autrement en attendant que leurs cerveaux évoluent. D’autant plus si vous ne pouvez plus supporter ces réactions, vous avez besoin de “leviers” pour vous sentir utile sans subir.
Précision importante avant de voir en détail comment un parent peut aider son enfant :
Il arrive fréquemment qu’on me rétorque : “OK, mais mon fils/ma fille qui a 5 ans comprend énormément de choses, il/elle est en avance”. Sous-entendu : “Donc il/elle devrait aussi être capable de gérer ses émotions et se comporter correctement.”
Et bien, c’est faux !
Même si un enfant a d’incroyables capacités cognitives (il sait jouer aux échecs à 3 ans/ parler 5 langues couramment, etc.) il n’existe pas de précocité pour les compétences liées à la “gestion” des émotions. Exprimer sa colère ou sa frustration d’une manière qui est acceptable socialement, sans blesser l’autre, etc. nécessite des connexions neuronales qui ne commencent à se mettre en place qu’à partir de 5 /6 ans.
C’est donc physiologiquement impossible qu’un bambin de 2/ 3 ans soit en “avance” à ce sujet, pas plus qu’un bébé ne pourrait marcher à 5 mois.
De quoi a besoin l’enfant pour apprendre à gérer ses émotions ?
Pour que cette maturité puisse se faire, il est indispensable qu’il grandisse dans un cadre sécurisant et respectueux. Le retard de développement à ce niveau est très fréquent lorsque l’environnement de l’enfant n’est pas propice : la façon dont on accompagne les plus jeunes peut entraver la maturation cérébrale.
Quand on voit le nombre d’adultes incapables de décharger leurs émotions sans crier sur l’autre, voire le frapper…
Pourquoi il/elle ne décharge sa colère aussi violemment que lorsqu’il est avec moi ?
Il est fréquent qu’un petit ne se permette des réactions violentes que lorsqu’il est à la maison. Alors comment réussit-il à se contenir chez la nounou, à l’école ou chez les grands-parents et pas chez nous ?
- Pour comprendre, il faut se plonger dans l’étude de l’attachement : la figure d’attachement (le plus souvent la maman, ou la personne qui s’occupe le plus du bébé) est le réceptacle des tensions accumulées par l’enfant.
- C’est par réflexe de survie qu’il se retient avec les autres puisqu’il a trop peur de la façon dont pourrait réagir autrui.
- Lorsqu’il est en crise de colère, en tempête émotionnelle, notre enfant nous démontre la confiance qu’il porte envers nous. Il sait que nous pouvons l’aider à traverser ce moment difficile.
- Quand il est sous la responsabilité d’une autre personne, il emmagasine toutes ses contrariétés et ne les exprimera que lorsqu’il retrouve sa figure d’attachement.
Cela explique, par exemple, pourquoi de nombreux bébés déchargent par les hurlements ou les pleurs lorsqu’on les récupère à la crèche alors que, selon le personnel, “Tout s’est parfaitement passé”. Ou, de la même façon à la sortie de la maternelle : “Il/Elle ne fait des colères qu’avec vous”. Logique si l’on a compris le fonctionnement de l’être humain.
Mon fils/ma fille fait des crises TOUT LE TEMPS
On a vu jusqu’ici que ces comportements sont “normaux”. Mais parfois, certains aspects nous font ressentir que “Là, quand même, ça ne peut pas être normal” : l’intensité des tempêtes, et leur fréquence.
Parfois, on sent que c’est vraiment “trop” :
- Trop intense (l’agressivité de l’enfant est presque incontrôlable, par exemple)
- Trop fréquent
- Ou les deux à la fois
Dans ce cas, il est judicieux de commencer par éliminer toutes les pistes physiologiques :
- Les allergies,
- Les troubles physiques
- Les troubles neurologiques,
Ces causes physiologiques peuvent aggraver, voire être à l’origine de crises de colère. Donc c’est un vrai devoir que d’écarter ces possibilités avant tout.
Si cela a été fait, il convient de se questionner sur l’environnement ; en particulier sur l’attitude des adultes qui se chargent de l’enfant.
L’intensité seule peut toutefois dépendre du tempérament. Mais, comme pour la fréquence, il faut se souvenir que les enfants ont toujours une bonne raison d’agir comme ils le font : c’est donc possible que cela soit un signal que quelque chose ne va pas dans la relation.
Mieux vaut éviter de s’arrêter sur “Son cerveau est immature, c’est normal” et faire comme si de rien n’était le temps que ça passe.
Alors que faire ?
Comment gérer les crises ? Que faire pour que mon fils/ma fille arrête de taper, hurler, jeter… ?
Éviter les crises de colère (ou tempêtes émotionnelles)
S’il est normal pour l’enfant de ressentir de la colère et d’être submergée par elle, il est moins naturel de vivre ces émotions de façon trop intense et trop régulièrement. Le cortisol que sécrète le corps pendant ces tempêtes met beaucoup de temps à être évacué par le corps et a des effets sur le cerveau. 5 minutes de sécrétion de cortisol entraînent 5h de circulation de cette hormone dans le corps.2
Analyser les situations et observer ce qui plonge l’enfant dans ces états pour anticiper et éviter les crises est logiquement plus favorable :
Ce qui revient le plus souvent c’est :
- “Il/Elle fait des crises/tape, quand on lui dit non”,
- “Il/Elle hurle/crie/se roule par terre, quand on lui demande de faire quelque chose”
Les refus et les demandes de l’adulte seraient les 2 principaux déclencheurs de crise. Alors, comment y remédier ?
La colère face aux refus
Dans son livre “Au coeur des émotions de l’enfant”, Isabelle Filliozat consacre un chapitre entier à “Pourquoi je dis non”. On y apprend de son analyse que 99% des “Non” que les parents disent ne sont pas légitimes. Ils reposent sur des peurs et/ou des croyances infondées, donc nous devrions faire des efforts en disant davantage “Oui”.
Mais comment faire ?
Cela demande de s’informer sur les sujets qui amènent le plus souvent aux conflits pour se positionner et lâcher prise.
L’alimentation, l’hygiène, les écrans, la santé, le sommeil… Il est indispensable d’avoir en main les bonnes ressources pour agir plus respectueusement.
C’est pourquoi j’ai constitué des dossiers complets traitant chacune de ces thématiques afin de vous y aider.
Une autre croyance à éliminer c’est l’idée de “bonne frustration”, du “bon refoulement” qui nous vient d’une psychanalyse préhistorique. Elle soutient l’illusion qu’il aurait une utilité à la frustration, que celle-ci serait nécessaire et qu’il faudrait donc qu’on entraîne nos enfants à l’éprouver. Beaucoup ont une vision restreinte et pessimiste de la vie, voire même aigrie ; c’est ceux qu’on entend souvent dire :
“Dans la vie, on n’a pas toujours ce qu’on veut.”
Je ne partage pas cette vision, il est évident pour moi que dans la vie, on peut avoir ce qu’on veut. Je préfère que mes enfants gardent leurs convictions et leur force d’exprimer leur volonté, plutôt qu’ils ne s’éteignent et se résignent.
Les crises face aux demandes
Lorsqu’on formule une demande à quelqu’un et qu’on nous répond par la négative, on se montre plus compréhensif du refus quand notre interlocuteur est un adulte qui nous donne (le plus souvent) une raison. L’enfant n’a pas cette capacité avant au moins 5 / 6 ans, voire plus tard. De ce fait, notre posture non compréhensive, manquant d’empathie, nous amène à rapidement nous mettre en colère, et donc au rapport de force pour obtenir satisfaction. La demande devient alors une exigence avec la violence qui en découle.
In fine, la réponse du plus jeune par une crise est juste la conséquence de notre propre attitude.
Là encore, c’est aux adultes de se remettre en question. C’est pourquoi je ne donne jamais de recettes pour faire obtempérer l’enfant à votre bon vouloir : j’ai à cœur de rendre à l’adulte sa responsabilité et de restaurer la considération à l’égard des plus jeunes.
Il en va de la responsabilité de l’adulte de s’assurer que ces demandes sont bien réalistes et réalisables par l’enfant. Si ce n’est pas le cas, cela place le plus petit en situation d’échec. Et même si l’adulte n’est pas insistant ou dans le rapport de force, ce sentiment d’échec peut amener à un flot d’émotions aboutissant à une crise.
Une demande réaliste tient compte des capacités de l’enfant. Celles-ci sont dépendantes de son stade de développement, mais aussi de son état, à l’instant où la demande est formulée. Il se peut, par exemple, qu’un enfant soit capable de répondre à une invitation à ramasser un objet qu’il vient de jeter. Mais s’il l’a jeté sous le coup d’une émotion comme la colère, il sera en incapacité momentanée. Donc la demande de l’adulte sera irréaliste.
L’exemple du brossage de dents (ou lavage de cheveux)
Parmi les motifs (entre autres), sur lesquels on peut s’interroger, il y a la légitimité de nos demandes concernant les brossage des dents et lavage des cheveux.
Quand un parent dit “Mon fils/ma fille de 4 ans (ou plus) refuse catégoriquement de se laver les dents/ se laver les cheveux”, il est plus efficace de l’amener à se renseigner sur la portée effective sur la santé de ces gestes d’hygiène.
Parce qu’en réalité, l’alimentation compte davantage pour la santé des dents et on peut tout à fait vivre sans shampoing. Une famille peut tout à fait choisir de passer au “No Poo” et s’appliquer à un brossage des dents plus régulier dans les périodes pendant lesquelles les repas sont moins sains.
Si votre ambition n’est pas de rendre vos enfants obéissants, si vous prenez compte des impacts de la soumission sur votre relation avec vos enfants, vous pourrez abandonner les bras de fer incessants pour faire plier vos petits à vos habitudes et lâcher prise en remettant en question vos croyances.
En se renseignant, on peut interroger notre légitimité à demander telle ou telle chose à nos enfants et ainsi mettre de côté les rapports de force (physiques et psychologiques).
In fine, la fréquence des crises diminue lorsqu’on regarde nos enfants avec d’autres lunettes.
Joker aux crises incompréhensibles
Ces prises de recul et remises en question prennent du temps et parfois on a l’impression de bien faire (on dit davantage “oui”, on lâche prise, on a des demandes réalistes) et pourtant, on passe à côté du problème.
Pour ce type de problème, j’utilise un “Joker” : la posture soutenante et compréhensive.
- On est en droit de ne pas comprendre ce qu’il se passe,
- On peut se sentir soi-même dépassé
- Mais on représente toujours la bouée de sauvetage ou le phare aux yeux de notre enfant qui vit sa tempête émotionnelle.
Donc : il faut le lui rappeler, à froid, quand il peut l’entendre. Le rassurer sur notre position et notre amour inconditionnel.
“OK j’ai vu/compris qu’en ce moment ça ne va pas, que tu as du mal, que c’est difficile pour toi. Je ne comprends pas trop à cause de quoi, j’aimerais t’aider de tout cœur, je suis toujours de ton côté, je t’aime et je vais tout faire pour trouver des solutions. »
Bien évidemment, cette discussion à froid doit être sincère, qu’on ait vraiment envie de chercher comment améliorer le quotidien.
Comment agir en amont des crises ?
S’équiper pour la tempête
Le discours soutenant et les outils
Évidemment, malgré nos efforts, on ne peut éviter toutes les crises de colère. Alors mieux vaut s’y préparer !
Cette préparation concerne autant l’adulte que l’enfant et n’est efficace que si elle est initiée à froid. Autrement dit : des heures après la situation de crise (quand nous ne sommes plus en train d’évacuer du cortisol).
Pour s’en souvenir, j’aime particulièrement cette métaphore :
On peut utiliser différents moments pour faire le point sur des situations qu’on a trouvé mutuellement difficiles. Car même si l’enfant souffre de la situation qui le plonge dans un état de “crise”, l’adulte est rarement serein et se retrouve parfois aussi désemparé que l’enfant.
Certaines familles aiment débriefer à table ou au moment du coucher, comme une forme de routine. D’autres peuvent le faire au feeling, à la fin d’une activité, dans un moment de détente, ou tout autre moment de calme.
Il faut cependant évaluer le désir de l’enfant à revenir sur un sujet pour en parler. S’il communique clairement, il pourra parfois dire “je n’ai pas envie d’en parler”. C’est alors à respecter.
Lorsque le dialogue est possible, il est primordial de réitérer son amour et sa confiance :
« Chaque fois que l’adulte rassure, sécurise, console, câline l’enfant en le prenant dans les bras avec une attitude douce, chaleureuse, en prodiguant des gestes tendres, en adoptant un ton de voix calme, apaisant, en ayant un regard compréhensif, il aide l’enfant à faire face à ses émotions et à ses impulsions. Un comportement parental affectueux a un impact positif considérable sur la maturation des lobes frontaux de l’enfant. Il parviendra alors plus rapidement à gérer les émotions envahissantes et les impulsions de son cerveau émotionnel et archaïque. »
Dr Catherine Gueguen
3 étapes pour se préparer à mieux gérer les décharges émotionnelles
- Avant tout, mieux vaut éviter de relever le comportement inapproprié. Que soit une attitude qui a conduit à la crise suite à une réponse inadaptée de l’adulte ou que ce soit un comportement que l’enfant a fait pendant la crise.
Car, relever ce qu’il a fait :
- amplifierait cet ancrage dans le cerveau. Si je dis “Ne pensez pas à une girafe”, vous allez forcément y penser et devoir fournir un effort pour ôter cette image de votre esprit. Facile pour un adulte, mais qu’en est-il pour un tout-petit dont le cerveau est en maturation ? Les moniteurs d’auto-école tiennent compte de ce mécanisme du cerveau : ils indiquent de porter le regard au loin sur la route et non de ne surtout pas regarder l’arbre pour ne pas foncer dedans. Le cerveau relève d’une logique psychomotrice : dire “Tu ne tapes pas” à un tout-petit, c’est le pousser au crime.
- ne lui expliquerait pas quoi faire/penser à la place. Pour un enfant submergé par l’émotion, c’est juste impossible d’entendre et de respecter des interdits de type “Ne crie pas / Ne tape pas”, etc.
- mènerait très probablement à une violence puisque dans la forme, on relève le plus souvent un comportement inapproprié par la réprimande : blâmes, reproches, accusations, voire sermonnage.
- On va reconnaître la difficulté de l’enfant et se montrer compréhensif : “C’était dur pour toi”, “Je sais que c’est encore difficile de contrôler certains gestes”, etc. En validant ses besoins et ses émotions, on valide son droit à les ressentir et les exprimer.
- On formule notre confiance à ce qu’il apprenne en grandissant à se décharger différemment. Évidemment, à froid nous pouvons être sincères, notre empathie est plus disponible. Alors qu’à chaud, on risque de subir nous aussi quelques courts-circuits dans le cerveau et nous surprendre en train de penser “Mais p*** de m***, pourquoi il recommence ?! Je lui ai déjà expliqué 100 ! Il/Elle ne comprend vraiment rien !”.
Les alternatives aux comportements violents
Afin de l’aider dans cet apprentissage, il est essentiel de proposer à l’enfant des alternatives :
(Propositions non exhaustives)
« Quand tu sens que la colère monte, que tu es très fâché, énervé, etc., tu peux :
- gribouiller sur une feuille (proposition à faire quand on sent la tension monter, car après c’est plus difficile),
- souffler fort,
- battre des bras comme un oiseau
- faire le tigre,
- projeter ta colère à la terre,
- aller taper dans un coussin (attention ici, c’est une aide pour rediriger le geste à chaud et non un “entraînement” à faire : je ne recommande pas les coussins de la colère pour leur côté “entretien” de la logique de frapper),
- jeter une balle,
- sauter,
- etc.
Afin de proposer ces outils aux enfants autrement que par le discours, on peut faire passer le message par le jeu :
- Par des jeux de rôles (“Je fais semblant d’être toi quand tu es en colère – sans me moquer – pour trouver une solution, et toi tu fais semblant d’être moi qui t’aide”)
- Avec des figurines ou marionnettes
Il s’agit donc de lui donner des pistes pour décharger, des outils concrets à utiliser quand ça bouillonne.
Accompagner la décharge émotionnelle
Qu’importe leur cause, leur origine – immédiate ou différée – les crises de colère sont effectivement une bonne occasion pour l’enfant de se décharger, libérer des tensions, et paradoxalement de créer du contact. Souvent, en frappant, les petits cherchent aussi un rapprochement.
Proposer des opportunités de contact plus régulièrement permet d’éviter que les crises et les coups soient un prétexte à cela.
Une bonne façon de se décharger passe par les jeux dans lesquels on crée du lien. Les défouloirs type chahut, batailles d’oreiller, jeu de “bagarre”, etc. remplissent ces besoins.
Si malgré tout, ça explose, voici quelques pistes de posture à tenir :
Que faire lorsque mon fils/ma fille est en pleine décharge émotionnelle ?
Les pratiques à éviter
- Contenir l’enfant : proposition qui revient souvent dans les “méthodes” de gestion de crise alors qu’elle est vivement déconseillée, puisqu’elle entraîne la violence par le rapport de force dans la plupart des cas. Il faudrait une grande dose d’apaisement intérieur pour que la contention ne soit pas agressive, car même si l’adulte a l’air de garder son sang froid en apparence, rares sont ceux qui ne sont pas chamboulés, voire bouillonnants, pendant une crise de colère de l’enfant.
- Lui demander d’arrêter sa crise : s’il le pouvait, il ne se mettrait pas dans cet état, il est submergé et a besoin d’aide.
- Le laisser seul ou l’isoler (mise au coin, mise à l’écart, injonction ou invitation à quitter la pièce ou à aller dans chambre) : c’est une V.E.O.3 On peut éventuellement s’extraire AVEC l’enfant lors de la crise, surtout si celle-ci a lieu en public, pour constituer une bulle avec lui, mais il a besoin d’être accompagné. Si nous-mêmes nous retrouvons dans un tel état de bouillonnement qu’on risque d’user de violence, alors il faut envisager de s’isoler soi-même en s’excusant auprès de l’enfant.
- Lui demander ce qui le met dans cet état, le questionner : c’est le cerveau émotionnel qui est aux commandes lorsque l’enfant traverse une crise, donc, faire appel à son intellect alors qu’il est déconnecté de son centre de raisonnement relève du court-circuitage. Au mieux, l’enfant dira ce que l’adulte attend sans que cela fasse sens, au pire, cela va intensifier la crise. Toutefois, lui montrer que l’on comprend les raisons de son état est différent : c’est lui donner de l’empathie et c’est nous qui faisons alors le travail “intellectuel”.
- Trop parler, faire de longues tirades : l’enfant a besoin de calme pour entendre et son cerveau doit utiliser trop d’effort d’adaptation pour comprendre nos monologues. Mieux vaut se limiter à l’essentiel.
L’accompagnement respectueux de la crise : la posture SAVE
- STOPPER : parer les coups qui fusent en maintenant-relâchant les bras ou les pieds au besoin, c’est un va-et-vient rapide : dès que la tension dans le membre de l’enfant redescend, on lâche. Il ne faut pas que cela tourne à la contention et au rapport de force. Employer un ton calme et neutre : “OK, tu es en colère et tu as le droit, mais je ne peux pas te laisser faire ça.”
- ACCUEILLIR : ce que l’enfant exprime ou tente d’exprimer par son comportement. Être présent, dans l’instant, et soutenant. S’il s’agit d’un conflit entre 2 enfants, c’est à cette étape qu’on s’occupe de l’enfant blessé.
- VALIDER : les sentiments de l’enfant sont légitimes. Il est en droit de les avoir et de les exprimer. À ce stade, ils doivent être validés sans ressentiment, avec empathie.
- ENCOURAGER : à faire autrement. Rappeler les outils donnés à froid, renouveler notre confiance à ce qu’il apprenne à faire autrement.
Il ne s’agit évidemment pas d’une méthode à appliquer à la lettre, mais de pistes de postures à tenir dans le meilleur des cas, en fonction de nos propres ressources. Lorsque ces dernières sont limitées, quelle qu’en soit la raison, vous pouvez suivre les propositions données dans cet article complémentaire :
Lire l’article : “Enfant en crise VS maman à bout : Comment on gère ?”
En nous mettant à la place de l’enfant, nous comprenons aisément que lorsque nous nous trouvons en difficulté, nous avons aussi besoin de quelqu’un qui nous aide, nous épaule et nous soutienne par ses paroles et son attitude.
Nous avons tous besoin de nous sentir en sécurité et aimé en toutes circonstances.
Notes
-
Dr catherine Gueguen, “Pour une enfance heureuse” ↩
-
“Et tout le monde s’en fout” – Les émotions : https://m.youtube.com/watch?v=_DakEvdZWLk ↩
-
Aletha Solter ↩
Maja Mijailovic – Accompagnante parentalité