De nombreux parents veulent comprendre comment avoir de l’autorité sans crier. Soit parce qu’ils ont l’impression de manquer d’autorité, soit parce qu’ils connaissent les conséquences des cris et autres menaces, et veulent trouver d’autres moyens de se faire entendre.
C’est peut-être votre cas ?
Vous en avez marre de vociférer à en perdre la voix pour que vos enfants se préparent le matin. Vous aimeriez juste qu’ils coopèrent enfin. Qu’ils vous écoutent et obéissent sans que vous ayez à répéter 300 fois la même chose, au risque de finir par hurler. Mais est-ce que se faire obéir sans crier, ça marche vraiment ?
Sommaire 👉
Autorité bienveillante : vraie ou fausse bonne idée ?
Avez-vous déjà remarqué qu’essayer de se faire obéir sans crier, ça ne marche pas ?
Lorsqu’on cherche des alternatives aux hurlements et autres menaces de punition, on trouve de nombreuses formulations “positives” à utiliser.
Sauf que dans la vraie vie, ne pas s’énerver et à remplacer un tsunami de
“Bordel, mais tu vas te bouger oui ?! Tu ne vois pas qu’on est en retard à cause de toi ?! Enfile ce pull et que ça saute, ça commence à bien faire !”
par un petit arc-en-ciel plein de licornes et de
“Mon petit chéri, veux-tu mettre le pull rouge ou le pull vert ? “
ce n’est pas si simple…
Pourquoi est-ce si difficile d’être autoritaire sans crier ?
Comment répéter ces phrases qui se veulent plus “douces” quand on est en train de bouillir à l’intérieur ? Et que faire lorsque ça ne fonctionne pas ?
En réalité, si cela paraît si difficile, c’est parce qu’au lieu d’enclencher un automatisme :
*comportement de l’enfant* -> *réaction émotionnelle du parent* -> *cris, menaces, violence*,
on voudrait atteindre l’objectif type :
*comportement de l’enfant* -> *réaction émotionnelle du parent* -> *joli refrain d’éducation positive, douce et non violente*
En regardant ces schémas sous cet angle, on se rend bien compte que ces enchaînements “action-réaction” sont aussi robotiques l’un que l’autre. Et c’est bien normal puisqu’il manque un ingrédient absolument indispensable : l’empathie !
Bien qu’on nous répète inlassablement qu’il faut utiliser ce superpouvoir, qu’il faut inculquer l’empathie aux enfants, etc., les méthodes de parentalité “douce et bienveillante” n’expliquent pas comment retrouver ce précieux joyau . Pourtant, sans l’empathie, on ne fait que remplacer le robot hurleur par le robot aux phrases douces.
Se faire obéir sans s’énerver, vraiment ?
L’autre problème avec les “phrases-astuces” de la parentalité positive, c’est qu’elles n’agissent pas sur nos émotions. Pourtant, ces réactions qui nous traversent sont bien visibles dans le langage non verbal : sourcils froncés, yeux crispés, mâchoires serrées, corps tendu… Les enfants décodent d’abord ces signaux-là (grâce à leur empathie !) et voient une incohérence totale entre notre discours verbal et notre comportement.
Et lorsqu’à la énième demande gentiment formulée, l’enfant ne coopère toujours pas, qu’est-ce qu’on va pouvoir faire ?
C’est à cette étape que de nombreux parents, se sentant coincés et impuissants, “loupent” leur objectif.
➜ Si l’on ne discerne pas d’autre solution que de se faire obéir (pour que l’enfant fasse ce qu’on veut qu’il fasse) ; quand la version “douce et bienveillante” ne fonctionnera pas, on va glisser dans l’échelle du rapport de force et finir par user de violence malgré tout.
C’est là toute l’absurdité de croire qu’on peut “rester ferme sans crier” : cette fausse bienveillance ne permet pas de sortir des schémas qui mènent aux violences éducatives ordinaires.
La bonne nouvelle, c’est que pour trouver des alternatives aux rapports de force : vous êtes ici au bon endroit !
1…2…3…(sans crier) : prendre conscience des conséquences
Pour s’extraire des rapports de force, il faut passer par un changement profond de nos automatismes. Le premier “hack” pour y parvenir, c’est de prendre pleinement conscience de nos actions. Et plus particulièrement, ce qu’elles entraînent comme répercussions.
- L’éducation à l’obéissance entraîne des effets destructeurs sur la personnalité et l’autonomie des enfants. Personne ne peut s’épanouir dans la soumission.
- Les enfants ne sont pas des objets. Notre rôle est de les accompagner respectueusement à grandir en préservant leur estime d’eux-mêmes et leur confiance.
- N’agissez pas en fonction du regard des autres, vous n’avez rien à prouver. Et ne vous méprenez pas : un enfant “sage” n’est pas synonyme de “bonne éducation”. Au contraire, une telle posture altère la relation entre le parent et l’enfant.
- Décider pour l’autre, le sommer d’arrêter de faire ce qu’il fait, quelles que soient les intentions (même si c’est “pour son bien”, sauf en cas de danger imminent, bien évidemment!) c’est violent pour la personne qui subit les ordres. Et ce mal-être se ressentira par la suite, soit par des retards de développement, soit par des comportements inappropriés.
- Les enfants agissent tel qu’on leur apprend, en prenant exemple. Pas étonnant s’ils essaient de s’imposer à leur tour, par l’agressivité et des attitudes de “petit tyran”.
Comment avoir de l’autorité sans crier : drôle de principe !
Au-delà des répercussions délétères pour tous, je vous invite à pousser la réflexion en prenant de la hauteur :
- La vision qui sous-tend les attitudes autoritaires c’est la relation de verticalité. Il n’y a pas d’amour dans l’autorité.
- Donc mieux vaut chercher à opter pour un autre type de relation.
Questionnons notre besoin d’autorité/verticalité. Pourquoi y sommes-nous attachés ? Qu’est-ce que nous cherchons à combler ? De quoi avons-nous peur ? Pour arriver à sortir de l’éducation traditionnelle et aller vers une parentalité respectueuse, il est indispensable de transformer les croyances ancrées en nous.
“On ne peut pas revendiquer des théories sur “comment ne pas crier”, tout en cherchant d’autres alternatives pour faire obéir l’enfant.”
Comment rester ferme avec bienveillance ?
“Mais Maja… Sans cadre, sans limites, les enfants feraient n’importe quoi ! Et puis, il faut bien qu’ils écoutent ce qu’on leur dit, qu’ils respectent les règles, qu’ils comprennent que quand c’est non, c’est non… Sinon c’est l’anarchie !”
Et si l’on osait vraiment remettre en question ce besoin d’être obéi ?
- Lorsqu’on se dit “mon enfant ne m’écoute pas”, essayons d’imaginer la même scène avec un adulte. Que feriez-vous s’il “n’écoutait pas” ? (notez qu’on ne se dirait pas ça à propos d’un adulte en réalité, ce qui prouve bien l’adultisme derrière cette formule)
- Une demande n’est pas censée se transformer en exigence ; l’autre doit garder la possibilité de refuser.
- Si vous êtes dans l’exigence et l’attente d’une forme d’obéissance, alors la seule issue possible sera la soumission ou l’opposition.
- Un enfant fait toujours du mieux qu’il peut avec les moyens qu’il a. S’il ne répond pas à une attente, c’est qu’il ne peut pas. A-t-il au moins compris votre demande ? Ou est-il pleinement concentré dans ce qu’il fait (donc non enclin à en sortir dans la minute).
- Cherchez à discerner ce qui peut empêcher votre enfant de répondre à votre attente ou voyez comment vous pourriez prendre en charge vos besoins d’une autre manière.
Avoir de l’autorité sans crier, attention au laxisme !
Le respect se “transmet” en respectant les enfants. Ils font là aussi ce qu’ils peuvent avec leur façon de fonctionner. L’erreur est de croire qu’on peut contrôler ça, qu’on peut changer leur comportement en mettant en place des règles de conduite, ou autres. Un enfant respecte une règle quand il le peut. S’il ne le fait pas, c’est qu’il ne peut pas.
La notion de laxisme est une notion adultiste en soi. C’est penser qu’il existe une posture trop tolérante pour les enfants. Mais trop tolérante par rapport à quoi ? Au voisin ?
Récap’
Vous l’aurez compris, si vous cherchez à faire autorité sans crier, sans vous énerver, votre chemin risque d’être sans fin. C’est bien normal d’avoir du mal à concevoir qu’il faudrait lâcher prise sur toute forme de supériorité… Mais c’est exactement ça, la définition du respect.
On ne peut pas continuer à viser le même objectif violent, en se justifiant d’y aller par des chemins doux et pleins de paillettes.
Alors pourquoi ça coince ?
- Parce que les adultes n’ont pas appris à remplir leurs besoins par eux-mêmes.
- Nous avons été éduqués dans la dépendance et la soumission, donc nous reproduisons les mêmes schémas.
- Nous ne réalisons pas que le fait d’attendre d’un enfant qu’il remplisse nos besoins est violent pour eux. C’est une inversion des rôles : ce sont les adultes qui sont chargés de combler les besoins de l’enfant (jusqu’à ce qu’il soit autonome) et non l’inverse.
Je vous invite donc à prendre plus de recul sur chaque situation en vous questionnant :
- À qui appartient le besoin ?
- Qui est le plus responsable ?
- Quelles sont les différentes stratégies possibles (pour combler le besoin) ?
Lorsqu’on a ces réponses en main, on ne rentre plus dans une logique d’obéissance ni de recherche systématique de coopération. In fine, les frustrations qui en découlent et donc les rapports de forces ne seront plus !
Si vous avez besoin d’aller plus loin pour décoder vos propres besoins et celui de votre enfant, je vous donne rendez-vous sur cette page.
Maja Mijailovic – Accompagnante parentalité
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