Développer l’autonomie de l’enfant : Le Guide Complet

Développer l’autonomie de nos petits paraît indispensable pour les aider à bien grandir. Beaucoup de parents sont frustrés de voir leurs enfants trop peu autonomes. Pourtant ce n’est que notre posture d’adulte qui contribue ou non à leur indépendance. Comment les encourager à prendre de l’assurance ? Quels facteurs déterminent la confiance en soi chez un enfant ? L’accompagnement à l’autonomie est au cœur de ma démarche ARE®. Trouvez dans cet article les solutions concrètes pour la favoriser tout en respectant vos bébés et vos plus grands.

Pourquoi vouloir favoriser l’autonomie des enfants ?

Lorsqu’on devient parent, très vite apparaissent un grand nombre de doutes et de questionnements quant à l’accompagnement idéal à apporter à nos enfants. 

La question de l’autonomisation se pose très tôt sans forcément être formulée de la sorte ; c’est le cas par exemple lorsqu’on souhaite faire dormir bébé seul dans sa chambre ou réduire la fréquence des tétées. Il y a déjà derrière ces souhaits, les idées très répandues dans notre culture que le tout-petit “doit” 

  • apprendre à se débrouiller, 
  • s’habituer à être séparé de sa mère, 
  • comprendre qu’il ne pourra pas toujours dépendre d’une tierce personne, 
  • etc.

Lorsqu’il grandit, l’idée de développer l’autonomie de l’enfant devient plus explicite. 

Vous avez peut-être peur que votre bambin ne gagne pas en indépendance assez rapidement. Ou vous êtes inquiets de constater qu’il semble avoir moins de capacités que d’autres enfants du même âge.

Généralement, plus ils grandissent, plus on se montre lassés de devoir les aider à remplir leurs besoins. 

Vous avez probablement hâte que votre petit gagne enfin en indépendance et que votre charge diminue en conséquence. D’autant plus si vous avez (ou attendez) un petit frère ou une petite sœur.

Vous êtes parent d’adolescent et vous sentez que là c’est le bon moment pour que votre enfant soit plus indépendant ?

C’est quoi au juste l’autonomie ?

C’est la capacité d’un individu à remplir ses besoins par lui-même sans dépendre des autres, tout en trouvant des stratégies saines et écologiques pour remplir ses besoins.

Qu’est-ce qui entrave le développement de l’autonomie des enfants ?

Bien souvent, on ne sait pas comment s’y prendre pour encourager l’enfant à faire seul. Même si de nombreuses astuces circulent entre parents, elles atteignent vite leurs limites. 

Si vous êtes dans une démarche d’éducation positive et bienveillante, rendre votre enfant autonome sans user de chantage ou de punitions semble d’autant plus difficile.

Évidemment, la grande majorité des parents d’aujourd’hui n’ont pas bénéficié d’une enfance exempte de violences dites éducatives. Vos parents ne vous ont probablement pas laissé libre d’explorer autant qu’un petit en a besoin et vous vous retrouvez inconsciemment tiraillé entre l’éducation que vous avez connue et celle que vous souhaitez offrir à votre progéniture. Cette éducation empreinte de jugements, de réprimandes, d’interdits, de sanctions abîme les compétences à l’autodétermination.

La confiance en soi constitue un pilier du développement de l’autonomie, et il est très difficile d’agir sur celle de son enfant lorsque la nôtre nous fait plutôt défaut.

La peur, pour la sécurité notamment, peut également être une entrave ; lorsque les adultes sont face à leurs propres blessures, expériences difficiles, et qu’ils projettent ce qui risque d’arriver à leur petit, ils peuvent développer une posture de contrôle et de limitations qui empêche l’autonomisation. Plus le cadre et l’environnement sont limitants, moins il y a de place pour les expériences ; or celles-ci sont indispensables pour grandir.

Cette peur peut conduire aussi à faire à la place du jeune, voire penser à sa place, et dès lors le glissement entre protection et oppression arrive très vite.

Penser que l’autonomie concerne uniquement les besoins physiologiques est une vue limitante qui peut aussi entraver l’acquisition de l’enfant. En effet, l’indépendance concerne tous les besoins : celui de se divertir, de créer du lien, celui de s’épanouir, etc.

Enfin, que ce soit par leurs discours ou leurs postures, la plupart des parents peinent à rester cohérents. Du point de vue de l’enfant, cela n’a pas de sens d’être tantôt poussé à se débrouiller, encouragé à faire des choix, tout en étant fréquemment limité dans ses explorations ou ses tentatives, au prétexte qu’il ne va pas assez vite ou fait quelque chose de travers. Bien entendu, il est difficile de prendre conscience de ces contradictions qu’on fait subir à nos progénitures ; elles découlent plus souvent de nos croyances ou de notre rythme de vie effréné que d’une volonté de brimer l’enfant.

Le développement de l’autonomie des enfants repose sur 4 fondements

  1. Avoir des attentes réalistes
  2. Observer son enfant
  3. Préserver la liberté d’explorer et d’apprendre par lui-même
  4. Adapter l’environnement 

1. Avoir des attentes réalistes

En comprenant la nature même de l’autonomisation

L’autonomie est un processus en partie inné. Grâce à nos capacités dites d’intégration neurosensorielles, notre cerveau sait capter puis traiter les informations perçues. 

D’autre part, notre système fonctionne tout seul de façon plutôt incroyable quand on y pense. Ainsi, le fœtus s’alimente et évolue en toute autonomie bien qu’il soit totalement dépendant de sa mère. 

Il est indispensable de commencer par voir la naissance comme une continuité de la croissance de l’individu plutôt que comme l’occasion de précipiter des apprentissages. 

Le nourrisson n’a pas plus besoin qu’on intervienne sur ses rythmes, ses façons de s’alimenter, ses horaires de sommeil, que lorsqu’il évoluait tranquillement à l’intérieur du ventre de sa mère. 

En partant du postulat que le petit humain est équipé pour se développer et prédestiné à acquérir son indépendance, on est plus à même de se placer dans une posture d’accompagnement respectueuse.

En connaissant au mieux les besoins de l’enfant

Encore faut-il connaître les étapes du développement de l’enfance pour savoir à quoi s’attendre. Évidemment, chaque petit grandit selon son propre rythme, mais dans notre culture, les croyances ancrées fourvoient de nombreux parents qui se retrouvent à avoir des attentes irréalistes. C’est le cas notamment pour l’acquisition du sommeil, pour laquelle il est encore trop fréquent de penser qu’à partir de 6 mois, parfois moins, le bébé devrait “faire ses nuits”, ce qui est complètement dénué de sens au vu de la réalité de la maturation du sommeil.

Les besoins de liens et de sécurité sont essentiels au tout-petit et trop souvent oubliés ou mis en confrontation avec le développement de l’autonomie. 

Or c’est bien dans le sens inverse que ça fonctionne : le développement de l’autonomie dépend d’abord des sentiments de sécurité et de confiance de l’enfant, nourris par l’attachement et les pratiques de maternage proximal.

Ensuite, il est important d’observer qu’il existe de multiples étapes dans chaque nouvelle acquisition. Par exemple, un bébé qui apprend à marcher ne va pas passer du “4 pattes” à la marche assurée sans transition. Il va passer par diverses petites étapes intermédiaires et ça ne viendrait à l’idée de personne d’aller lui ôter les supports sur lesquels il prend appui pour s’entraîner à marcher, dans le but qu’il apprenne plus vite. 

Si ça va de soi dans cet exemple, on a pourtant plus de mal à tenir compte des transitions plus ou moins longues – pendant lesquelles le jeune demande plus ou moins d’aide – jusqu’à être complètement indépendant d’autres acquisitions. 

Pourtant c’est bien notre accompagnement dans toutes ces étapes qui soutient la confiance et l’entrain de l’enfant dans le développement de tout apprentissage.

Quand l’enfant n’écoute pas

Pour avoir des attentes réalistes, il s’agit donc de prendre du recul sur nos croyances en recherchant les informations éclairées sur le développement et les besoins de l’enfant afin de porter les bonnes lunettes sur celui-ci.

Lorsqu’on répète quelque chose plusieurs fois et que le bambin « n’écoute pas », le risque le plus grand c’est de perdre patience et de se mettre à crier. Or, les sidérations répétées abîment le cerveau de l’enfant lui empêchant de développer des capacités d’apprentissage, celles-là mêmes qui lui seraient utiles pour gagner en autonomie.

La clé, c’est donc de revoir continuellement nos attentes, de les remettre en question autant de fois que nécessaire, afin d’anticiper les crises et d’éviter au maximum d’en venir à disjoncter. 

Accepter les erreurs

La démarche essai-erreur est à la base des apprentissages et des acquisitions : les jeunes ont besoin d’expérimenter pour appréhender le monde et le comprendre.

Ces expériences valent quel que soit l’âge, et s’il est plus facile de lâcher prise pour un bambin qui joue avec ses légumes, il peut s’agir d’un vrai défi pour un parent d’adolescent qui vit des expériences nouvelles. 

Si toutes les peurs sont légitimes, j’invite les parents à appréhender leurs peurs en s’informant sur les sujets qui les inquiètent, car ce qui nous fait peur c’est l’inconnu : on ne sait pas de quoi est capable notre enfant pour éviter certains dangers, on ne sait pas quel degré de risque il encourt exactement. 

2. Observer l’enfant 

Le point sur les tableaux “âge par âge”

Ce type de ressources inonde les blogs de parentalité et autres réseaux sociaux. L’utilité de ces indicateurs sur ce qu’un individu devrait être “en âge de faire” est à débattre…

Comparer le niveau d’autonomie des petits entre eux, est aussi risqué que de comparer leur poids ou leur taille : les fourchettes sont si vastes ! 2 bébés du même âge, qui grandissent selon le même accompagnement, dans le même environnement, peuvent tout à fait évoluer de façons radicalement opposées, sans que cela leur pose aucun problème, ni à l’un ni à l’autre. 

De nombreux parents se retrouvent angoissés après avoir comparé leur enfant à un autre , alors qu’ils ne s’inquiétaient pas du moindre “retard” auparavant. Si notre bébé ne s’endort pas encore seul à 9 mois, et qu’un jour, on se retrouve face à 3 autres bébés qui eux font (soi-disant !) des nuits de 12h sans réclamer leurs parents, tout à coup, il y a de quoi stresser ! Et pourtant : absolument pas. Comme dit précédemment, il faut connaître la réalité des processus de maturation – s’endormir seul à 9 mois n’est pas une “norme” au vu du développement naturel du sommeil – et, encore une fois ; chaque individu est unique et s’épanouit selon son propre rythme.

Comprendre les signaux propres à chaque enfant

Bien observer son enfant permet de repérer ses propres signaux, pour déceler tout ce qui pourrait l’aider justement à développer son autonomie. 

Par exemple, un bambin qui porte des couches, mais s’isole pour faire ses besoins, souvent c’est qu’il commence à entrer dans l’acquisition de la propreté. Mais c’est un signe parfois très discret et de nombreux parents passent “à côté”. 

Nos a priori et nos attentes ont tendance à nous faire passer à côté de certains signaux. Si l’on s’inquiète que l’enfant soit “en retard”, qu’on pense qu’il manque d’autonomie, on va constamment se dire “Pourquoi ne fait-il toujours pas ça seul”, ”ça m’ennuie de devoir encore le faire pour lui”, “Il n’en est toujours pas capable”… 

Le risque alors c’est de détourner notre regard de ce qui pourrait nous donner de nombreux indices. Chaque bébé dès la naissance, développe son propre langage corporel, ses expressions, ses babillements ensuite, et même une fois la parole un peu plus acquise, les façons de s’exprimer sont uniques à chaque enfant. 

Si l’on prend le temps et le recul pour observer son petit, sans intervenir, en appréciant chaque étape d’acquisition aussi minime soit-elle ; 

  • on continue de s’émerveiller de le voir grandir, ce qui, en plus d’être bon pour le moral (!), renforce le lien d’attachement et la confiance en soi par conséquent
  • la compréhension des signaux de communication de notre enfant nous évite un grand nombre de frustrations puisqu’on est plus réactif lorsqu’un besoin se présente
  • on peut se rendre compte qu’un petit détail gêne ou manque à notre bambin pour se débrouiller seul (un meuble peu adapté qui le gêne quand il essaie de ranger ses affaires, ou des chaussures trop difficiles à fermer par exemple)
  • in fine on peut être plus à même de répondre de façon appropriée aux besoins de notre enfant dans son chemin vers plus d’indépendance.

Adopter une posture plus adéquate

Nos postures parentales découlent évidemment de nos propres conditionnements. Par l’éducation reçue et les expériences traversées, chacun porte son lot de croyances et de peurs. 

  • L’idée c’est de savoir prendre de la hauteur sur nos pensées et plus particulièrement celles qui relèvent d’attentes ou de peurs, parce qu’elles ont des conséquences sur le développement des tout-petits.
  • En avoir conscience va nous permettre d’observer les impacts de nos comportements sur nos enfants, donc de pouvoir les réajuster. Par exemple, un bambin qui nous sollicite “trop”, montre peut-être qu’il manque de lien, de temps passé avec ses parents, etc.

Une autre conséquence de nos peurs c’est le risque d’entraver les essais de nos jeunes. 

  • Pour soutenir le développement de l’autonomie, le parent devrait se montrer soutenant et très confiant. 

Lorsqu’un bambin apprend à marcher, on va sécuriser l’espace et l’encourager spontanément, même lorsque celui-ci tombe pour la énième fois. En revanche, si certains adultes n’arrivent pas à maîtriser leur peur que bébé se fasse mal en tombant, ils risquent d’entraver gravement l’acquisition en cours, voire d’entraîner des conséquences au long court en transférant ses peurs à l’enfant.

Évidemment, mieux vaut éviter aussi 

  • de nier les craintes de l’enfant, 
  • de le culpabiliser s’il n’ose pas essayer d’exécuter une tâche sans aide (même si elle paraît simple ou qu’il l’a déjà fait précédemment)
  • de le blâmer parce qu’il n’a pas envie d’essayer de faire tout seul telle ou telle action.

3. Préserver sa liberté

Afin de grandir sereinement et d’apprendre à se débrouiller par lui-même, l’enfant a besoin d’explorer, de faire de multiples expériences

Partir du principe qu’il faudrait lui inculquer des apprentissages, lui montrer les “bonnes” façons de faire le met dans une position d’infériorité qui porte atteinte au développement de son autonomie. Il est bien plus efficace de laisser à l’enfant la liberté d’essayer par lui-même, avec ses propres stratégies, en se tenant à ses côtés comme un accompagnant dans ses aventures. 

Bien évidemment, il ne s’agit pas de le laisser prendre des risques démesurés au nom de la liberté d’entreprendre, mais de comprendre que la limitation et le contrôle sont délétères tant pour le développement de l’indépendance, que pour les relations adultes/jeunes.

La motricité libre, le bain libre, la diversification menée par l’enfant… De plus en plus de modèles d’apprentissages libres se font connaître et les témoignages de parents peuvent vous aider à remettre en question vos peurs ou vos a priori. 

Parce qu’en règle générale c’est principalement nos angoisses, nos craintes qui nous poussent à restreindre les explorations de l’enfant : “J’ai peur qu’il se fasse mal”, “Ça me stresse qu’il mette de la nourriture par terre”, “Et s’il n’apprend pas à respecter des règles comment fera-t-il plus tard ?”, autant de questions qu’il faut savoir remettre en cause pour le protéger de toutes projections de nos peurs ou d’entraves par notre stress.

La liberté est le fil conducteur de l’acquisition à l’autonomie et il ne s’agit pas seulement de liberté d’action, mais aussi de liberté de penser : les adultes doivent laisser place à l’indépendance de l’esprit également, avec le développement du pouvoir de décision et celui de la pensée critique. Et l’on apprend à décider en décidant, donc il est important de laisser l’enfant expérimenter ce pouvoir dès son jeune âge pour qu’à l’adolescence il puisse en disposer pour vivre ses expériences en sécurité.

4. Adapter l’environnement

Vous n’avez sans doute pas pu échapper à la pédagogie Montessori qui fait beaucoup de bruits ces dernières années. On en parlera ici uniquement pour son côté aménagement de l’environnement, car elle comporte de nombreux avantages, mais là encore, attention aux dérives. 

Il est vrai que le mobilier estampillé “pédagogie Montessori” a parfois l’avantage de répondre rapidement à vos besoins, mais dans l’ensemble, de nombreux parents faisaient déjà du “Montessori” il y a quelques décennies rien qu’en fixant un porte-manteau à hauteur du bambin ou en lui proposant une chaise sur laquelle grimper pour participer à la préparation des repas. De nombreux exemples d’aménagements très simples à mettre en place peuvent être intéressants selon votre situation :

  • l’aménagement d’un coin de change/toilette/pot avec tout le nécessaire à portée de l’enfant,
  • la “tour Montessori” facilitant l’accès à la cuisine,
  • les meubles de rangement ouvert pour les vêtements et les jeux,
  • etc.,

Toutefois avant de vous jeter sur ces jolies idées et de transformer tout votre appartement, je vous invite à bien reprendre les 3 fondamentaux précédents puisqu’il s’agit bien d’une suite logique à mettre en place. 

Ce n’est qu’en vous attelant à des attentes réalistes, en ayant préalablement observé le fonctionnement de votre enfant, et dans le but de lui offrir une plus grande liberté, qu’aménager votre espace aura du sens. 

Le risque ici serait de tomber dans le piège ;

  1.  j’achète du mobilier “Montessori” pour favoriser l’autonomie de mon enfant,
  2. ce n’est pas adapté à ses capacités et/ou ses besoins donc il ne l’utilise pas ou l’utilise de façon détournée de sa fonction, 
  3. je rentre dans un cercle vicieux d’attentes irréalistes / contrôle / jugements, etc. 
  4. mon enfant se détourne complètement de l’acquisition qu’il était prêt à explorer à cause de mes réactions.

L’autonomie des petits n’est pas quelque chose qu’on doit chercher à obtenir pour se soulager de certaines tâches. 

C’est au contraire un accompagnement qui prend beaucoup de temps et d’énergie et ne réside pas dans quelques modifications ou explications à l’enfant sur la manière dont il devrait procéder pour se débrouiller seul.

Il est indispensable que l’enfant lui-même y trouve un intérêt : que cela réponde à ses besoins. 

Le vice dans la volonté de rendre un bambin plus indépendant, c’est qu’elle est trop souvent basée sur des besoins d’adultes. On le constate d’ailleurs quand on voit que les principaux sujets de l’autonomisation sont les tâches du quotidien. 

Or, l’enfant pourrait être bien plus comblé de gagner en autonomie dans des activités, des jeux ou d’autres intérêts qui lui sont propres, ce qui renforcera d’autant plus son entrain et sa confiance pour réaliser des actes par lui-même.

Vous avez évidemment le droit d’apprécier l’indépendance de votre petit parce qu’elle diminue votre charge,  mais considérez dans ce cas cet allègement comme une conséquence positive et non comme un objectif à atteindre.

Comment accompagner le processus d’autonomisation

Vous avez à présent en main toutes les composantes des 4 fondamentaux vous permettant d’accompagner votre enfant vers l’autonomie avec respect. C’est l’un des piliers de ma démarche d’ARE® que je viens de vous exposer en détail. J’aimerais vous en dire encore un peu plus sur le développement de la confiance et de l’estime de soi et vous donner d’autres clés indispensables à l’accompagnement à l’autonomie :

1. Développer l’estime de soi chez l’enfant

L’estime de soi est en fait spontanée et naturelle, elle n’a pas besoin d’être “développée”. C’est une qualité innée et inconsciente qu’on entretient chez l’enfant par la façon dont on s’occupe de lui. La confiance en soi est intimement liée aux regards et comportements des figures d’attachement essentiellement, mais aussi des autres adultes et jeunes avec qui il passe du temps. S’il évolue dans un environnement dans lequel il est libre et respecté, cette confiance ne sera pas abîmée. Si au contraire, il subit des violences, des jugements, etc., cela altérera son estime de lui. 

Notre rôle d’adulte est donc de tout faire pour ne pas altérer la confiance en soi de l’enfant, en ayant conscience que celle-ci est comme une pièce de musée sur laquelle il serait indiqué “Fragile, ne pas toucher”. Si l’on se promène dans ce musée avec des lunettes opaques, on risque fort de faire des dégâts. En parentalité, c’est la même chose, tout est question de lunettes. Si celles-ci sont embuées par nos conditionnements, notre éducation, ce que la société veut nous faire croire, etc., nous perdons la clairvoyance et la répondance naturelle dont on est doté.

2. Préserver la confiance de l’enfant 

Non, l’autonomie ne se force pas ! Elle s’accompagne… Dans toutes les pratiques d’apprentissages, l’adulte est là pour assurer la sécurité de l’environnement afin que chacun soit libre d’expérimenter sans risques. Le soutenir ne signifie pas le “pousser” ; jeter un bambin à l’eau alors qu’il ne sait pas nager, c’est dangereux. 

L’autonomie n’est possible que lorsque l’individu se sent suffisamment sécure et soutenu pour sortir de sa zone de confort, il ne peut pas avancer par peur. C’est la confiance en soi, mais aussi et surtout la confiance en l’adulte qui conditionne l’autodétermination. En étant attachés avec sécurité, les enfants apprennent à se détacher, et non en étant “poussés hors du nid”. 

3. Apporter l’aide dont il a besoin 

Le remplissage des besoins est fondamental pour amener l’enfant vers l’indépendance. Il va de soi qu’il faut l’aider à remplir ses besoins aussi longtemps que nécessaire. Tout réside dans l’équilibre entre :

  • les conditionner à rester dépendants en faisant à leur place (parce que cela va plus vite, que c’est mieux fait, etc.),
  • les mettre en échec en les laissant se débrouiller au prétexte qu’ils devraient “apprendre à surmonter les difficultés/ persévérer” (quand un adulte nous demande de l’aide, on ne répond jamais ça). 

L’idée c’est donc d’évaluer dans l’instant le niveau d’aide requis, en fonction du contexte, des ressources de l’enfant, des éventuels aménagements à sa disposition, etc.

4. S’aider soi-même 

Une des raisons qui rend de nombreux parents impatients de voir leurs enfants un peu plus autonomes, c’est qu’ils sont fatigués de tout faire. Mais être tenté d’user de stratégies pour accélérer un peu l’acquisition de certaines étapes est une stratégie très contre-productive comme on l’a vu. 

L’adulte se doit de garder ses responsabilités et de trouver les stratégies pour s’occuper de remplir ses propres besoins avant d’aller vers l’épuisement. Bien sûr, ce n’est pas une tâche facile. Mais il est essentiel de ne pas tomber dans le sacrifice permanent. C’est normal que nos besoins passent au second plan parce que les enfants dépendent de nous et qu’ils sont dans l’immédiateté des besoins, alors que nous avons les capacités de différer les nôtres. Mais différer ne veut pas dire supprimer !

5. Prendre conscience des risques

Lorsqu’on pousse un enfant sans respecter son développement, en faisant poser sur ses épaules des responsabilités qui ne sont pas les siennes, un des risques c’est de le conditionner à une autonomie artificielle. C’est exactement ce qu’il se passe fréquemment lorsqu’on pousse un bébé à dormir seul avant qu’il n’y soit près : cela peut “fonctionner”, comme tout conditionnement, l’enfant peut se montrer autonome alors qu’il n’a pas encore acquis cette étape-là. 

Mais à la moindre difficulté, cette acquisition de surface risque de disparaître et certains iront jusqu’à appeler ça une “régression”. Or, l’enfant ne régresse pas, il retourne simplement à l’étape où il en était avant qu’on le pousse à sauter des étapes en le conditionnant.

Le pire c’est que bien souvent l’adulte se montre alors très frustré de voir une régression puisqu’il misait beaucoup sur cette nouvelle autonomie. Le glissement vers les V.E.O. est fréquent dans ce genre de situation au vu des exigences irréalistes de l’adulte. Il faut vraiment retenir que cette autonomie conditionnée est délétère pour l’enfant lui-même et pour la relation avec l’adulte.

Source : https://www.oveo.org/

6. Se faire confiance

Accompagner son enfant à l’autonomie avec respect est un vrai défi pour de nombreux parents et il n’existe pas de modèle à suivre. 

C’est donc un cheminement où la patience est de mise et les parents se doivent de constamment revoir leurs exigences envers leurs petits, mais également envers eux-mêmes. Se faire confiance en tant que parent, c’est un réel enjeu, surtout lorsque notre propre estime est fragile ou que nos ressources sont limitées. Je vous propose alors de conscientiser ce cheminement comme une démarche d’apprentissage où chaque “erreur” n’est qu’un essai qui nous offre les clés pour réajuster. Vous aussi vous avez le droit à cette démarche essai-erreur, celle-là même qui permet à vos enfants d’apprendre.

N’oubliez surtout pas que vous avez toutes les compétences pour aider votre enfant à grandir : votre empathie, innée, votre capacité à créer du lien de qualité avec lui et l’amour que vous lui portez sont autant de ressources qui vous permettront de faire cet accompagnement à l’autonomie.

Voilà pour ce dossier, vous avez à présent toutes les clés pour accompagner au mieux l’indépendance de vos petits aventuriers ! Si vous avez besoin d’un coup de pouce pour lâcher prise au quotidien, n’hésitez pas à vous inscrire pour recevoir des informations éclairées sur des sujets comme les écrans, le sommeil, l’alimentation, les soins ou l’hygiène !

Maja Mijailovic – Accompagnante parentalité

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