La propreté chez l’enfant… Tout comprendre, pour mieux accompagner !

Vous vous interrogez sur la période propice pour apprendre à se passer de couches ? À quel âge démarrer l’acquisition de la propreté chez les enfants ? Comment réagir lors des petits “accidents” et aider en douceur votre bébé à gagner en autonomie ? ⬇

Dans cet article, je repars de zéro pour balayer tous les préjugés sur la continence des bambins. Cela pour vous permettre d’éviter de tomber dans les astuces qu’on entend de partout, qui sont délétères pour le développement des enfants.

Le choix de l’accompagnement respectueux à l’autonomie nécessite de s’appuyer sur de bonnes informations à propos du développement de l’enfant.

C’est grâce à leur compréhension que vous pourrez repérer et éviter les schémas qui vous mènent aux Violences dites éducatives ordinaires.

Apprentissage de la propreté ou Acquisition de la continence : comment ça se passe concrètement ?

Le sujet de la continence pose souvent questions chez les parents de bambin. Or, on entend encore beaucoup d’à priori et de fausses croyances autour de cette notion.

Pour commencer, j’aimerais qu’on différencie bien 2 termes :

  1. La continence : qui se définit par le contrôle sphinctérien et un équilibre des pressions entre les organes qui entrent en jeu , et s’oppose à l’incontinence.
  2. La propreté : qui relève d’un jugement et s’oppose à la saleté.

Les mots sont toujours importants en parentalité, car ils nous permettent, ou nous empêchent, de regarder nos enfants avec les bonnes lunettes. Une fois que vous visualisez l’idée de continence ou d’incontinence, vous allez déjà plus facilement pouvoir trier les informations.

Apprentissage/ Acquisition, quelle différence ?

On entend encore majoritairement l’idée que la “propreté” ou plutôt continence relèverait d’un apprentissage. Cela sous-entend qu’on aurait donc à l’enseigner aux petits. Souvent, même les professionnels ignorent les étapes du développement des tout-petits. On a donc pour habitude “d’entraîner” les bambins à aller sur le pot, créant ainsi des conditionnements.

Cette méconnaissance de la maturation de l’enfant empêche une observation appropriée. En fait, souvent les enfants sont prêts avant les parents.

Il faut avoir à l’esprit que la continence relève de la même logique d’acquisition que la marche. Ce sont bien des acquisitions et non des apprentissages, puisqu’elles dépendent de la maturation physique et psychique de l’enfant. Par acquisition, ne signifie pas non plus qu’il fait les choses spontanément, seul dans son coin, et que l’adulte n’a pas de rôle dans le processus. Au contraire, un accompagnement est toujours profitable. Comme pour tous les besoins, celui d’éliminer doit être accompagné respectueusement.

Alors, à quel âge démarre la continence ?

Bien sûr, l’acquisition de la continence est plus ou moins longue selon les bébés. Pour beaucoup, ce n’est pas quelque chose qui se produit du jour au lendemain.

On a tous une image fantasmée. Parce que souvent, les parents qui racontent les premiers pas ou la continence, sont ceux qui ont été témoins de « premières fois » très rapides et spontanées. Mais ce n’est pas le cas pour la majorité des enfants. Alors, il faut aussi se préparer à cet accompagnement en ayant à l’esprit que cela peut durer des semaines d’efforts, parfois des mois.

Ce qu’on entend encore trop peu, c’est qu’en réalité la période d’acquisition s’étale de 1 à 6 ans. Toutefois, il y a une première fenêtre d’acquisition entre 12 et 24 mois, et les parents passent souvent à côté puisqu’ils ignorent cette possibilité.

La continence de jour comme de nuit ?

Cela peut paraître surprenant, mais certains bambins commencent à être continents de nuit, avant de l’être en journée. Il faut donc être attentif au fait qu’il y a des démarrages de continence la nuit, qui se manifestent aussi par un refus de change et de porter la couche par exemple. À l’inverse, chez certains bambins, la continence nocturne arrivera plus tard, sans que ce décalage soit inquiétant pour autant.

Comment se déroule cette maturation physiologique ?

Mécanismes physiologiques

Pour acquérir la continence, de nombreux mécanismes physiologiques sont en jeu. Ils impliquent différents organes et parties du corps : vessie, urètre, sphincters, côlon, périnée, etc., mais aussi le cerveau !

Voici le mécanisme de la continence urinaire tel que décrit par l’association française d’urologie :

« La continence urinaire est le résultat d’un équilibre entre les pressions intra vésicale et urétrale. La vessie est un réservoir musculaire distensible, son muscle (le détrusor) se laisse étirer sans résistance et donc sans augmentation de pression.

L’urètre est situé sous la vessie, il correspond au canal par lequel l’urine s’extériorise. Il comporte un appareil sphinctérien (muscle) essentiel à la continence et repose sur le plancher périnéal. Il est fixé au pubis grâce à des ligaments suspenseurs en haut et en avant. Cet ensemble forme un hamac qui soutient l’urètre et participe à la continence.

Le maintien de la continence dépend du bon fonctionnement de tous ces éléments. L’appareil vésico- sphinctérien est contrôlé par le système nerveux, qui doit également être en état d’assurer son rôle.

Chez une personne continente, la vessie se remplit à basse pression tandis que les pressions urétrales restent élevées. Au moment de la miction, le mécanisme s’inverse, les pressions urétrales s’effondrent, la vessie se contracte aboutissant à une miction normale permettant l’évacuation complète des urines. »

Le contrôle nerveux des sphincters dont on parle ici se fait de la façon suivante :

  • Le col de la vessie est maintenu fermé par des mécanismes neurologiques. C’est le cerveau qui empêche la vessie de se contracter et donc d’éliminer.
  • Lorsque la vessie se remplit, le cerveau est informé et la sensation d’un besoin d’éliminer apparaît
  • Le cerveau permet alors la contraction de la vessie pour éliminer.

Dans ce processus, le cerveau est en pilote automatique. Ce n’est pas un fonctionnement volontaire que l’individu gère.

Se retenir d’éliminer

Alors comment se fait-il que lorsqu’on est continent on puisse se retenir malgré le remplissage de la vessie, le temps de trouver un endroit pour éliminer ?

C’est grâce au contrôle du périnée que l’on peut se retenir en conscience et volontairement, malgré l’ordre du cerveau « d’ouvrir les vannes », pour éviter que la vessie ne se contracte. Chez l’enfant, cette maturation est progressive et en attendant, le fonctionnement de la vessie est automatique. L’élimination se fait de manière réflexe, non contrôlée par le cerveau. Il sent le relâchement des sphincters, mais l’inhibition permanente de la vessie par le cerveau n’est pas en place.

Ce n’est qu’à partir de 3 ans que la vessie atteint sa maturité et permet le contrôle inconscient des sphincters. De même, pour la continence fécale, c’est d’abord le réflexe appelé gastro-colique qui envoie le message à l’intestin d’amener les selles dans le rectum, et le sphincter reste fermé par un mécanisme neurologique. Une fois le rectum rempli, la pression envoie au cerveau l’information du besoin d’éliminer. À noter que la consistance des selles doit être adéquate. On ne peut pas retenir longtemps des selles trop liquides par exemple. L’alimentation est importante et la possibilité d’allergies ne doit pas être oubliée. Elles peuvent altérer le processus.

Être continent

On comprend donc que pour être continent, il faut :

  • un système nerveux mature
  • des contrôles moteurs pour gérer l’élimination
  • des organes fonctionnels

La continence est bien le mode “par défaut” quand le système est suffisamment mature. C’est l’élimination qui est contrôlée. La nuit, les appareils urinaideraire et digestif sont au repos. Quand le système est mature, la continence est automatique. On éprouve le besoin d’éliminer si et seulement si l’on active ces appareils, ou bien si l’on s’est couché les réservoirs trop pleins.

Il faut bien retenir de ces mécanismes que la continence ne dépend pas de la volonté, et que tout se joue au niveau de l’élimination. C’est sur cette fonction que l’adulte peut accompagner l’enfant et pour le reste il faut accepter le temps de maturation physiologique.

Changer de lunettes

Une fois que l’on tient compte des étapes physiologiques de l’évolution de la continence, qu’on a bien en tête qu’il s’agit d’une acquisition puisque c’est un processus qui se développe, on peut alors changer de lunettes pour accompagner l’enfant avec plus de justesse.

L’accompagnement va consister en 3 éléments :

  1. L’observation des signes d’élimination pour apprendre à anticiper,
  2. Communiquer pour notamment verbaliser le ressenti des sensations et proposer un lieu d’élimination au moment “adéquat”,
  3. La réaction quand il y a un “accident”.

L’approbation et le soutien ont des vertus magiques ! Vous allez donc pouvoir les utiliser en verbalisant au maximum votre empathie, et en faisant preuve d’efforts pour aider au mieux votre bébé dans son acquisition. Mais avant d’aller plus en détail sur la pratique concrète de cet accompagnement, on va éliminer tout ce qui s’oppose à lui.

Qu’est-ce qu’on entrave par l’apprentissage à la propreté ?

Il y a un certain nombre de pratiques qui empêchent le bon déroulement de l’acquisition de la continence. Et malheureusement, elles sont encore bien trop souvent mises en avant, même par des professionnels de la petite enfance. Vous l’avez compris, les notions d’âge et d’apprentissage sont les premiers déterminants qui vous détournent d’un accompagnement adéquat.

L’âge de la “propreté” n’arrive pas sans conditionnements, si dès le départ c’est le parent qui a décidé du moment propice. Parmi ces conditionnements, on retrouve habituellement :

1. Le chantage et les récompenses

La plupart des parents ont bien conscience que le chantage est une forme de manipulation de l’enfant. Quoi qu’il en soit, beaucoup l’utilisent encore, à défaut de savoir comment l’encourager autrement. Il est aussi fréquent de recommander aux parents de récompenser leurs enfants pour les encourager à se passer de couches. Savez-vous que la récompense est une violence dite éducative ordinaire ? C’est une forme de manipulation, de contrôle qu’exerce l’adulte sur l’enfant. Si celui a le comportement attendu par le parent, il obtient quelque chose qu’il désire en échange. C’est donc un plaisir accordé sous conditions. Un bonbon, un câlin, un dessin animé, ou tout autre… Mais si l’enfant n’a pas répondu aux attentes de l’adulte, dans le meilleur des cas, il n’obtiendra rien. L’absence de réponse constitue alors une punition. La récompense n’est donc pas si éloignée du chantage.

“L’enfant régulièrement récompensé pour ses actes va peu à peu générer la peur de ne pas recevoir de récompense.”

Ensuite, ses motivations vont se connecter uniquement aux besoins de l’adulte plutôt qu’à ses propres besoins. Or, habituer un bébé à construire ses motivations de façon extrinsèque le rendra plus facile à se soumettre par la suite. Alors que les motivations intrinsèques sont de puissants moteurs pour favoriser les apprentissages et acquisitions. Connectées aux besoins, elles favorisent la confiance en soi et l’estime de soi.

2. Féliciter l’enfant

Dans la même veine, les applaudissements et “bravo” se rapprochent fortement d’une forme de récompense. L’expression d’émotions exagérées, que ce soit pour montrer un mécontentement lors d’un “accident”, ou pour montrer une joie lorsque l’enfant fait ses besoins à l’endroit attendu, créé un enjeu qui apporte son lot de stress.

L’élimination est naturelle, ce n’est pas un moment où l’on ressent spécialement des émotions, donc j’invite à observer une neutralité lors des “incidents”, un détachement pour faire “comme si de rien n’était”.

Le risque en faisant des associations d’émotions c’est qu’elles vont impacter l’acquisition :

Énervement de la part du parent ou joies, fierté, etc.

Créer un enjeu chez l’enfant : Faire plaisir / éviter d’énerver mes parents

Stress perturbant le déroulement de l’acquisition

3. Faire diversion

Une des fausses bonnes idées relayées par l’éducation positive, c’est de faire des diversions. Par exemple, pour inciter bébé à éliminer sur le pot, on va lui apporter des jouets ou lui lire une histoire, afin de le convaincre de rester plus longtemps assis, dans l’espoir qu’il finisse par éliminer à cet endroit plutôt qu’à un autre. Il s’agit bien d’une manipulation, puisqu’encore une fois, on tente de lui faire faire quelque chose qu’on a décidé pour lui, en utilisant quelque chose qu’il aime.

Cela coupe l’enfant de son ressenti initial, voire parfois, va même outrepasser son consentement. Je déconseille fortement cette pratique qui crée une perte de repères, l’altération de la confiance en lui, et qui entrave complètement le bon déroulement de l’acquisition de la continence. En le détournant de ce qu’il est en train de se passer, on le coupe des sensations qui le traversent, on entrave sa conscience lui permettant d’intégrer les liens entre ressentis et besoins.

4. L’entraînement à la continence

Le fait de se mettre en tête d’apprendre à l’enfant à être continent, amène aux conditionnements :

  • Forcer l’enfant à aller sur le pot
  • Lui proposer avec insistance

Souvent, cet entraînement est lié à un objectif parental d’acquérir la continence en vue de la rentrée à l’école. Beaucoup de parents reçoivent la contrainte de “rendre leur enfant propre” parce qu’à défaut, les adultes responsables à l’école ne pourront l’accueillir. Il s’agit de désinformation : personne ne peut vous refuser votre enfant à l’école parce qu’il n’a pas acquis la continence.

L’entraînement consiste souvent à choisir les moments à la place du bébé : on le conditionne à éliminer selon des horaires qui nous semblent appropriés (en lien avec le repas, le coucher/lever, les déplacements). Cet entraînement coupe également l’enfant de son propre rythme interne.

Cela peut dans un premier temps donner des résultats, au sens attendu par les adultes. Mais ces pratiques peuvent très vite devenir délétères dans le processus d’acquisition, avec des phases dites de “régression”, voire des problèmes de type rétention des éliminations et troubles physiologiques associés.

Propreté/continence : Comment repérer que l’enfant est prêt ?

La première fenêtre d’acquisition se présente entre 12 et 24 mois. C’est un âge auquel la plupart des parents ne prêtent pas attention aux signaux d’élimination de leur bébés, puisqu’ils ne s’attendent pas à pouvoir commencer l’accompagnement à la “propreté” à ce moment-là. Pourtant, de nombreux parents relatent des difficultés particulièrement explicites au moment des changes.

Le refus de change peut être lié à différentes possibilités :

  • un problème de reflux qui rend la posture allongée très inconfortable,
  • un début de motricité,
  • un inconfort lié à l’acidité des éliminations,
  • un problème ostéo postural,
  • un début d’acquisition de la continence.

Avant d’explorer la piste “début de continence”, j’invite les parents à tenter d’autres modalités de change et à revoir l’alimentation. Notamment les potentielles intolérances et allergies, qui peuvent engendrer plusieurs inconforts.

Des idées d’autres modalités de change :

  • Debout, éventuellement avec des couches culottes ou culottes “d’apprentissage”
  • Dans la douche ou le bain
  • Devant un miroir au-dessus du lavabo

Ensuite, pour ce qui est des signaux très clairs que l’enfant entre dans la continence il y a :

  1. Le refus systématique de mettre une couche
  2. Le fait de conscientiser ses éliminations, voire les verbaliser/signer.
  3. Le fait de s’isoler pour éliminer (ce qui est le signe d’une anticipation de l’enfant)

6 étapes pour accompagner l’acquisition à la continence respectueusement

1. Respecter le consentement

De manière générale, le respect du consentement est l’expression du droit au corps et de son intégrité. Cela fait partie des fondements des droits humains. Le fait d’être parent et plein de bonnes intentions n’autorise pas l’abus de ce droit. Si les figures d’attachement commencent à abuser de ces droits, cela renvoie comme information à l’enfant que n’importe qui d’autre peut le faire, et que son consentement n’a pas de valeur. Discourir pour essayer de construire l’estime de soi de votre enfant ne vaut rien, tant que son droit au corps est bafoué dans le quotidien. Cela passe par des gestes aussi “anodins” que forcer à s’habiller, à se laver, etc. Il y a donc un effort à faire au quotidien à ce sujet, pour recueillir le consentement de l’enfant, notamment en remettant en question les actes dans lesquels on est tentés d’imposer, et en cherchant toujours des alternatives.

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Ces dernières années de nombreuses campagnes sur le droit au corps et le consentement ont vu le jour pour « apprendre aux enfants » qu’ils ont le pouvoir de décider et éviter ainsi les abus sexuels. 👓 J’ai une bonne nouvelle : aucun autre effort n’est à déployer la dessus que de respecter le consentement de l’enfant à la base, car c’est en vivant ce respect qu’il comprend l’importance du consentement et non pas avec des discours préventifs. 👓 De manière générale le respect du consentement est l’expression du droit au corps et son intégrité. Cela fait partie des fondements des droits humains inscrits dans tous les codes et lois. 👓 Le fait d’être parent et plein de bonnes intentions n’autorise pas l’abus de ce droit. Si les figures d’attachement commencent à abuser de ces droits cela non seulement renvoie comme information à l’enfant que n’importe qui d’autre peut le faire (et donc il ne vous en parlera pas) mais que son consentement n’a pas de valeur, qu’il n’a pas de valeur. Et vous aurez beau discourir pour essayer de reconstruire l’estime de soi de votre enfant, cela ne vaudra rien tant que derrière son droit au corps est bafoué dans son quotidien, son consentement n’est pas considéré. Cela passe par des gestes aussi « anodins » que de forcer à s’habiller, à se laver, forcer aux câlins aux bisous (entre adultes les interactions physiques non consenties portent un nom ! l’enfant est aussi une personne…) etc. 👓 Au quotidien un effort doit être fait à ce sujet pour recueillir le consentement de l’enfant. Et si jamais vous devez user de contrainte physique (cf post à ce sujet) cela ne change rien sur le ressenti de l’enfant : vous devez donc prendre la responsabilité du choix que vous faites dans l’instant et tout faire pour que les fois d’après vous preniez en compte le consentement de votre enfant. Évidemment la seule fois où ce sera impossible dans les situations d’urgence avec danger pour lui-même ou pour quelqu’un d’autre, mais cela ne change rien au ressenti de l’enfant sur le fait que son droit au consentement a été bafoué, il est donc important de verbaliser dessus. Pour toutes les autres situations vous pouvez chercher des alternatives, à suivre!

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2. Observer

Afin de pouvoir anticiper et aider l’enfant à reconnaître ses besoins, la première étape consiste à bien savoir observer nous-mêmes ses signaux spécifiques. Comme nous l’avons vu dans le processus physiologique qui sous-tend l’acquisition de la continence, vous n’avez pas prise sur les facteurs qui influencent cette acquisition. L’élimination dépend de la volonté uniquement une fois que les systèmes sont matures.

Pour cela, l’enfant a besoin de : SENTIR – COMMUNIQUER – CONTRÔLER

La première clé dans la démarche d’accompagnement respectueux à la continence c’est donc d’aider l’enfant à se connecter à ses ressentis pour ensuite savoir les communiquer. Il est contre-productif de proposer à son enfant d’éliminer avant même qu’il en ait besoin, et si nous sommes tendus dans notre attitude, il le percevra. L’idée c’est d’observer sans être dans la scrutation. Il faut pouvoir être disponible pour observer, mais inutile de tomber dans l’hypervigilance tout de même.

3. Communiquer

L’enfant va spontanément communiquer ses besoins à l’adulte, il s’agit de bien les interpréter et de soutenir cette communication en se montrant réceptif.

On va donc pouvoir observer :

  • des signaux au niveau du visage avec des regards, des expressions du visage,
  • des signes corporels comme des mouvements de membres, des contorsions,
  • des comportements tels que des agitations, des pleurs, l’isolement (se cacher pour éliminer).

L’enfant va aussi pouvoir être plus spécifique en communiquant ses besoins avec ses moyens : signer le besoin (langue des signes bébé) ou désigner (pointer) le lieu d’élimination. Le bébé communique dès sa naissance ses besoins (même in utero il est déjà en communication). Mais s’il n’a pas de réponse adaptée de l’adulte (principe de répondance), alors il arrête d’émettre la communication.

Cela peut expliquer aussi que beaucoup d’adultes passent à côté des fenêtres d’acquisition. Typiquement, le “laisser pleurer” pour le sommeil est un conditionnement qui apprend au bébé que lorsqu’il communique, ses besoins ne sont pas entendus. Cela peut le conditionner à changer ses stratégies de communication pour ses autres besoins.

La communication est une démarche globale. Concernant la continence, elle commence avec les moments de change. Le fait de verbaliser ce qui se passe pour le bébé, les soins qu’on lui fait, ancre les stratégies de communication et le référentiel de l’enfant. Avec les pratiques de maternage (allaitement, cododo, portage), on favorise la répondance et la communication est ainsi ancrée sur des bases solides.

4. Soutenir la conscience

La communication correspond aux ressentis de l’enfant et donc à son niveau de conscience corporelle. Il va sentir plusieurs choses en lien avec les éliminations :

  • ce qui se prépare avec les mouvements internes de ses organes,
  • les tensions et les relâchements dans le corps,
  • le soulagement, relâchement du corps,
  • les douleurs,
  • les sensations d’élimination, etc.

Lorsqu’on verbalise sur ce qui se passe pour l’enfant, on valide son expérience et on lui permet de créer les associations adéquates pour constituer son référentiel dans cette acquisition.

Certains bambins ont une régularité dans leurs besoins physiologiques, qui est liée à leur tempérament. C’est donc une particularité innée, qui ne l’est pas chez tout le monde. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que tous les enfants aient des expériences d’élimination dans la régularité. Et, nous l’avons vu : tenter d’y induire un rythme selon une temporalité qui nous arrange représente un risque d’entrave majeure dans le processus d’acquisition.

Il est donc primordial d’inviter le bébé à changer de couche ou de l’inciter à éliminer ses besoins, uniquement si l’on a observé les signaux d’un besoin. Et non pas parce que l’horaire nous arrange.

À noter qu’il semblerait que l’utilisation de couches lavables, en plus d’être écolo, augmente les sensations qui permettent au bébé de connecter ressentis et besoins pour se créer un référentiel.

Il est bon de se rappeler aussi que dans beaucoup de cultures, les petits ne portent pas de couches. Ils ont une acquisition de l’élimination qui est tout à fait naturelle, spontanée et que les parents se contentent d’accompagner. Je vous renvoie à l’HNI Hygiène Naturelle Infantile qui peut vous aider dans une démarche d’accompagnement respectueux à l’acquisition de la continence.

5. Proposer un environnement adapté :

À l’observation des signaux et en lien avec le ressenti de l’enfant, on lui propose d’éliminer dans un lieu adapté (pot ou toilettes). Il n’y a pas de règles évidemment, tout est une question de confort. J’invite à s’orienter vers du matériel le plus physiologique possible.

Sans faire de placement de produit, mais parce que c’est ce qui revient souvent, il y a par exemple les pots anatomiques Ecopitchoun (je ne prête cependant pas attention aux recommandations en termes d’âge, car comme je l’ai déjà dit, il y a bien une fenêtre d’acquisition entre 12 et 24 mois).

Selon le niveau de motricité, il existe également les réducteurs avec marche, ou les systèmes avec tabouret. Pour le confort, vous pouvez vous procurer des housses spécialement conçues qui permettent d’éviter la sensation de froid du plastique ou des W.C. Certains enfants y sont très sensibles et cela peut vraiment les freiner.

L’habillage joue évidemment un rôle essentiel dans l’autonomie à l’élimination. Notamment pour des bambins qui sont déterminés à se débrouiller seuls, il est primordial de leur faciliter le déshabillage, le nettoyage, voire le change au besoin. J’invite donc à rester vigilant sur ce qui peut faciliter ou entraver le passage à l’action d’éliminer.

En dehors de l’aspect matériel, il peut y avoir d’autres freins :

  • D’ordre physiologique : en lien avec ce que l’enfant consomme (boit et mange), en lien avec sa position/posture s’il n’est pas bien installé (une bonne installation c’est une position “squat” avec les genoux plus hauts que les hanches, avec un bon appui des pieds, comme pour les adultes d’ailleurs).
  • D’ordre affectif : s’il y a des tabous autour de l’élimination, des remarques (par exemple sur les odeurs quand on change l’enfant pour des selles, il peut ensuite éprouver un blocage à l’élimination) éviter de relever les salissures également (sous-vêtement, matériel). Ce n’est pas grave si quelque chose est souillé, on propose un change, ou de quoi nettoyer. Il ne faut pas cristalliser dessus au risque d’induire des blocages.

Un environnement adapté est surtout un environnement qui favorise l’autonomie :

  • Les lieux d’élimination doivent être facilement accessibles,
  • Il doit pouvoir attraper/déplacer son pot/marchepied/réducteur à sa guise sans être entravé,
  • Il faut qu’il puisse aller et venir sur le pot/toilette à sa guise (on ne doit surtout pas le contraindre à rester, lui seul sent le besoin d’y rester ou non, et s’il y est allé alors qu’il n’a pas éliminé, ne pas non plus lui faire de reproches ou montrer des déceptions à ce sujet),
  • Il doit pouvoir s’essuyer tout seul.

Attention à la psychose injustifiée sur les parties génitales mal essuyées. Il y a beaucoup de désinformation à ce sujet, ce qui pousse les adultes à longtemps essuyer l’enfant plutôt que de le laisser faire (sans même tenir compte de son consentement), par peur des infections ou autre. Souvenez-vous toujours qu’en cas de flatulence, de la matière de selle est émise systématiquement et se déplace dans tout le sous-vêtement. S’il y avait un risque ; qui fixe le niveau de salissure qui peut causer l’infection ?

6. Accompagner les “accidents”

Lorsque le bambin entre dans la période d’acquisition de la continence, il est indispensable de se préparer à accompagner les “accidents”. Cette acquisition ne se fait pas du jour au lendemain, cela peut arriver chez certains bambins, mais ce n’est pas la norme. Il s’agit d’un processus qui peut prendre beaucoup de temps et les témoignages d’une acquisition spontanée peuvent inquiéter des parents qui ne la voient pas chez leur enfant. Comme pour la marche, il est dans l’expérimentation, il a besoin d’essais-erreurs pour se créer son propre référentiel.

Parfois aussi, on a pensé être dans la première fenêtre d’acquisition et un retour aux couches se fait. Ces “fausses alertes” ne sont pas à prendre comme des échecs, la continence est en progression, il faut simplement revoir le contexte global et la communication.

Les “accidents” peuvent arriver également :

  • Lorsque l’enfant est très concentré sur une activité ; les petits opèrent des hiérarchies dans leurs besoins et se coupent parfois de leurs sensations si ce qu’ils sont en train de vivre est plus fort (comme un intérêt vif pour une activité, finir une construction de lego ou une partie de jeux vidéo),
  • S’il est aux prises avec des émotions fortes (des émotions qui submergent un petit peuvent le pousser à éliminer, ce peut être aussi le cas d’enfant neuro atypiques qui ont une sensibilité plus forte et sont plus facilement submergés par leurs émotions),
  • Quand il est entravé dans son besoin par le contexte (sortie, école),
  • Quand il a des perturbations physiologiques qui font qu’il consomme plus de liquides (fièvre) et n’arrive pas à suivre le rythme du fait d’un manque de ressources (énergie/vigilance).

Dans tous ces cas il est inutile de cristalliser sur les accidents (leurs conséquences) et encore moins faire des reproches (les réprimandes relèvent de veo), mais plutôt :

  • Verbaliser l’expérience pour qu’ils continuent de construire leur référentiel (par exemple, pour les activités leur signaler que leur corps a émis des signaux qu’ils n’ont pas entendus et qu’ils pourront essayer d’écouter la prochaine fois en désignant les signaux si nous les avons nous-mêmes observés),
  • Se montrer disponible,
  • Anticiper en étant plus présent sur l’observation des signaux, la verbalisation et la proposition (prendre les étapes d’accompagnement, voir à quel niveau on peut nous aussi améliorer les choses dans notre propre démarche essai-erreur d’accompagnement).

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PIPI & COMPAGNIE 🚽⁣ ⁣ 🆘 Refus du change, transition difficile entre couche et pot, accidents en journée ou la nuit, choix des pots, accessoires de confort et réducteurs… ⁣ ⁣ 💩 Le sujet de la continence est à la fois universel (tout le monde passe par là) et très spécifique à chaque enfant. ⁣ ⁣ 👓 Ma posture sur la question reste toujours basée sur l’accompagnement, dans le respect du développement de l’enfant, dans l’observation des étapes et des signaux qu’ils nous envoient. ⁣ ⁣ 🙌 Comme pour tous les besoins, celui d’éliminer doit être accompagné respectueusement ! Et c’est ce que l’on travaille ensemble dans le Cercle des Parents. (Pour en savoir plus sur ce programme, RDV dans ma bio 🤓)⁣ ⁣ 👉 Racontez-nous vos expériences sur l’acquisition de la continence de vos enfants 🤗 je suis sûre que certains d’entre vous ont besoin d’être rassurés et/ou inspirés.⁣ ⁣ #Citation #Emotions #Nveo #StopVeo #DevenirParent #EnfantsEpanouis #EnfanceHeureuse #AccompagnementRespectueux #ParentaliteConsciente #ParentaliteRespectueuse #EnfanceSansViolences #EducationBienveillante #ParentaliteBienveillante #EducationPositive #ParentalitePositive #Adultisme #Maternage #Parentalite #Continence #AcquisitionContinence #ContinenceEnfants #AccompagnementRespectueux #ParentaliteRespectueuse

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Les cas de “régressions”

Le grand inconvénient de l’acquisition artificielle de la propreté, qui dépend donc de conditionnements, c’est qu’au moindre stress la physiologie peut reprendre ses droits et les astuces ne fonctionnent plus. La “régression” est alors fréquente. Pour parler de retour en arrière, appelé incontinence secondaire, il faut que l’enfant ait été complètement continent pendant 6 mois au moins. La plupart du temps, cela est dû à un événement particulier.

Avant cela, il peut faire une “grève du pot”, en particulier s’il est concentré sur d’autres acquisitions. En revanche, il y a des cas de pathologies sous-jacentes à l’incontinence secondaire, comme l’infection urinaire, par exemple.

Il faut donc veiller aux signaux pouvant alerter :

  • Douleur pendant la miction/défécation,
  • Douleur dans la zone génitale/anale en dehors de l’élimination,
  • Urines malodorantes,
  • Selles rares.

Si ce type de symptômes est observé, il faudra revoir l’alimentation, l’hydratation, la position, et consulter un médecin. D’autres signes plus sérieux sont à prendre en charge en urgence :

  • Besoin trop fréquent, hyperactivité de la vessie
  • Besoin très peu fréquent

Certains enfants auront besoin d’un travail spécifique au niveau sensoriel et/ou musculaire, par exemple s’il doit faire un effort de poussée pour uriner, si le jet d’urine est faible, ou s’il s’interrompt puis reprend. Il convient alors de consulter un médecin. Dans d’autres cas, une hypotonie ou des problèmes neurologiques peuvent également créer des répercussions sur la continence.

En conclusion,

Vous avez à présent toutes les cartes en main pour accompagner au mieux votre bébé dans son processus d’acquisition à la continence, j’en suis ravie pour vous ! Avoir des connaissances fiables sur l’évolution de l’enfant, c’est la première clé pour sortir des schémas de violences éducatives ordinaires. Et vous l’aurez remarqué, les connaissances actualisées sur les étapes de développement des enfants ne sont pas encore généralisées. C’est pourquoi j’ai élaboré des dossiers dans lesquels j’ai réuni toutes les informations fiables sur les thématiques qui nous mettent le plus en difficulté dans notre quotidien de parent.

Pour recevoir ces dossiers thématiques rapidement dans votre boite mail, il suffit d’en faire la demande en cliquant ici.

Maja Mijailovic – Accompagnante parentalité

2 réflexions sur “La propreté chez l’enfant… Tout comprendre, pour mieux accompagner !”

  1. Barbara Dubrana

    Bonjour maja
    J’ai une petite question à ce sujet. Ma fille vient d’avoir 2,5ans. Elle a eu envie du jour au lendemain de mettre une culotte et d’arrêter les couches. On l’a suivi bien évidemment. Elle réussissait vraiment bien à se retenir mais depuis 1 semaine elle recommence à faire des petits pipis régulièrement dans sa culotte ( alors ce n’est que quelques gouttes en général). Ma fille va à la garderie et je sais que là-bas il n’y a que des toilettes. A la maison elle faisait dans le pot jusqu’à il y a quelques jours. Elle nous demande les toilettes maintenant. Le processus a commencé il y a 3-4 semaines. Est ce normale qu’elle fasse plus souvent dans sa culotte qu’au début? J’ai l’impression que oui en lisant mais je voudrais valider avec toi s’il n’y a pas autre chose qu’on pourrait faire pour l’aider.
    Merci 😊

  2. Bonjour et merci pour cet article

    Je sens que ma fille de 16 mois est peut-être prête. Plusieurs signes : elle s isole dans le même lieu pour defequer, elle porte un intérêt au pot depuis plusieurs semaines, s y assoit quand je vais moi même au toilette, elle tire parfois sur sa couche pour être changée, refuse de plis en plus souvent d être changée.. . Mais ces signes sont ponctuels, fréquents mais pas tout le temps non plus.
    Travaillant beaucoup et étant en hiver, auriez vous des conseils sur comment l accompagner concrètement dans cette étape ?
    (la laisser sans couches quand bous sommes a la maison le weekend par exemple??)
    Merci

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