Les enfants ont des particularités et des fonctionnements différents des adultes, les comprendre permet de changer de lunettes , rétablir la communication et préserver le lien.
Je vous livre dans cet article les 7 différences essentielles qui m’ont permis de changer de posture et initier le cercle vertueux de l’inversion du paradigme de l’éducation dite traditionnelle.
Le format est un peu spécial il s’agit de 7 posts que j’ai publié sur les réseaux sociaux et je vous les rassemble ici 🙂
Sommaire 👉
1.Les enfants sont dans l’immédiateté du besoin
Les enfants de part la structure de leur cerveau ne peuvent différer leurs besoins. C’est “tout tout de suite!”
Cela est lié au manque de connexions entre la zone préfrontale du cerveau (le COF centre des décisions) et la partie “basse” (l’amygdale qui régit les émotions et l’hypothalamus siège du sommeil faim soif etc).
Ces connexions commencent à s’établir à partir de 6/7 ans. Et comme je le rappelais dans l’article concernant les “crises” il n’y a pas de précocité à ce sujet.
Par contre il peut y avoir des retards, et cela est lié à l’accompagnement : une éducation à base de veo cause du retard dans ce développement.
Une éducation à base de “frustration nécessaire” idem … (je vous rassure les retards se rattrapent quand on décide de changer de posture). C’ est comme si on exposait l’enfant régulièrement à des maladies pour forger son système immunitaire ce qui se produit en fait par un mécanisme de stress c’ est qu’ on le fragilise au contraire …
Idem on ne peut pas entraîner à la frustration (tout comme on n’entraîne pas à la marche) : l’enfant a besoin de prérequis physiologiques pour développer cette compétence de “différer son besoin” et donc apprendre à patienter.
Ces prérequis sont ces connexions neuronales qui commencent donc à apparaître vers 6/7 ans. Et ce n’ est qu’un début. Pour ceux qui ont des enfants plus grands vous pouvez déjà noter des différences dans cette acquisition.
Alors concrètement ça implique quoi dans notre posture :
- 1/ quand on sait ça on a plus d’empathie : pour ma part, comprendre m’a aidée à mieux “supporter” les situations où je me sentais pressée avec des injonctions “donne moi !” “je veux !” Ces impératifs qui sortent de la bouche de nos enfants avec lesquels on a du mal et qui nous donnent l’impression que ce sont des ordres. Alors que, du point de vue de l’enfant, c’est juste une façon d’exprimer un besoin avec la meilleure façon dont il dispose à cet instant pour se faire comprendre. A froid on peut les aider à formuler autrement (la base étant de ne pas soi même utiliser des injonctions : aller dépêche toi, arête! Etc).
- 2/ avec de l’empathie on change de posture : je suis passée de la logique “il va devoir apprendre!” à “je vais l’aider en attendant qu’il apprenne”
Car nous adultes nous avons acquis cette compétence, nous savons différer notre besoin.
C est donc à nous de nous organiser pour que les priorités des besoins se fassent selon les capacités de chacun. Priorité aux enfants pour leur bon développement tant qu ils dépendent de nous (dans “Pour une enfance heureuse” le Dr C.Gueguen rappelle cette importance).
Est ce que cela veut dire de devoir tout faire dans la minute ? Répondre à tous les besoins ?
- 3/ non cela veut dire de faire de son mieux et si on y arrive pas d’en prendre la responsabilité “ok je comprends que tu as besoin de … là tout de suite je ne peux pas Je vais t aider à tel moment”
2.Les enfants n’intègrent pas la négative
Une information qui est de plus en répandue maintenant un enfant avant 2/2,5 ans n’entend pas du tout le NE PAS dans une phrase : « ne cours pas ! » « Ne jette pas! » « Ne monte pas sur la table ».
Pour ces injonctions il entend : cours, jette, monte sur la table …
Et vu que son cerveau est régi par une logique psychomotrice, il obtempère et, souvent, il nous regarde en souriant pour vérifier si on est satisfait pour valider qu’il fait bien ce qu’on lui dit de faire … ce que nombreux.ses adultes prennent pour de la provocation …
Alors après, l’enfant peut aussi sourire par stress car l’adulte utilise des veo pour dire son injonction : gros yeux, grosse voix, cris etc. ce qui fait buger l’enfant (stress, sidération). Il ne comprend pas pourquoi la communication verbale de l’adulte (ce que lui, enfant, en comprend) est contraire à sa communication non verbale (posture du corps, ton de la voix, etc).
Et après 3/4 ans il peut aussi sourire car il appréhende la veo toujours par stress donc.
Mais dans tous les cas le NE PAS et même le NON sont des notions conceptuelles qui sont contradictoires avec la façon dont fonctionne le cerveau et cela lui coûte un effort, même à l’âge adulte : le cerveau ne distingue pas l’illusion du réel, si vous pensez à une personne ou si vous la regarder ce sont les mêmes zones du cerveau qui s’allument, les mêmes neurones qui s’activent.
De la même façon penser à des situations difficiles, se remémorer des douleurs ou traumatismes déclenche à nouveau les émotions associées.
Quand on associe une action à une négation l’enfant visualise l’action et n’a pas les capacités nécessaires pour remplacer cette visualisation ni la chasser de son esprit et jusqu’à 2/2,5 sont corps se mettra automatiquement en mouvement ..
Donc pour éviter ça privilégier les actions positives aide l’enfant à comprendre notre attente : « marche lentement » « pose l’objet ici » « assied toi sur la chaise » etc (avec des stp et la forme ça va mieux bien entendu).
Aussi le fait de répondre non aux demandes créé un stress important.
L’enfant doit chasser de son esprit sa demande et s’asseoir sur son besoin. Car contrairement à une idée répandue, derrière chaque demande ou envie il y a un besoin ! Les demandes envies ne sont que l’expression de ce besoin ce qu’on appelle des stratégies de remplissage du besoin (je vous en reparle bientôt plus en détail).
Concrètement est ce que cela veut dire accéder à la demande tout le temps ? Si on peut oui 🙂 mais si on ne peut pas on peut au moins valider le besoin en disant le plus souvent OUI (dire « oui » ce n’est pas réaliser concrètement le oui c’est valider la demande et le besoin) : « oui tu veux aller au parc maintenant a 22h je comprends tu aime bien jouer là bas tu préfère quoi le toboggan ou la balançoire? » Considérer la demande comme valable au moins d’un point de vue imaginaire ça aide l’enfant qui n’a pas toujours envie/besoin que sa demande se réalise …
3.Les enfants sont submergés par leurs émotions
Comme expliqué dans les posts précédents le cerveau de l’enfant est encore très immature et manque de nombreuses connexions neuronales.
Celles qui permettent à l’enfant de vivre moins intensément ses émotions et les exprimer d’une façon “socialement convenable” (qui ne blesse personne) commencent à peine à se former vers 6/7 ans.
Les conséquences de cette inexistence de ces connexions neuronales (je rappelle : connexions entre le COF cortex orbito frontal siège des décisions, de la raison, des fonctions cognitives supérieures et l’amygdale, siège des émotions) sont :
- Les enfants peuvent crier, hurler, s’agiter, se rouler par terre, frapper et mordre pour exprimer leurs émotions (peur, joie, colère)
- Les enfants n’entendent pas quand on leur parle quand l’émotion est présente et les submerge
- Les enfants ne peuvent pas répondre quand on les questionne sur leur état avec des “pourquoi” (cela fait appel à leur intellect, au COF, alors que c’est l’amygdale avec les émotions qui est aux commandes) : au mieux ils répondent un truc à côté qui vous arrange au pire cela crée des courts circuits et intensifie l’état émotionnel.
De fait les enfants n’ont pas non plus la capacité de réévaluation : lors d’un conflit prendre du recul, s’apaiser, voir la situation sous un autre angle, voir l’attitude de l’autre différemment ou revoir la nôtre et chercher des solutions sont des capacités dont dispose un cerveau mature comme est supposé l’être celui de l’adulte.
Je dis supposé car on peut facilement observer autour de soi (et parfois même en partant de soi) que peu d’adultes ont ces capacités …
Or souvent nous les exigeons chez l’enfant en ignorant complètement son état et stade de développement.
Quand l’enfant montre qu’il vit un véritable drame pour une banane tombée au sol ou parce qu’on lui a donné le verre bleu au lieu du rouge ce n’est ni de la comédie ni un caprice.
C’est la manifestation de la tempête qu’il vit à l’intérieur. Ça nous semble dérisoire à nous qui avons cette capacité mais pour l’enfant c’est aussi sérieux que sa peur du loup mentionné dans une histoire avant de coucher lui faisant faire jusque des cauchemars …
Et pour les enfants qui n’expriment rien et semble “sages” (non poussés par des émotions) c’est souvent le résultat d’un conditionnement à la sidération.
La sidération c’est quand le cerveau atteint un tel niveau de stress qu’il disjoncte pour éviter la mort.
Ce n’est donc pas un objectif à atteindre que de vouloir griller le cerveau de notre enfant pour que d’apparence il soit convenable aux yeux des autres (calme et immobile comme une poupée).
Alors j’entends que l’état émotionnel des enfants n’est pas facile à vivre pour les adultes qui ont été conditionnés à la sidération du fait des violences qu’ils ont eux mêmes subies.
Aider l’enfant à traverser ses tempêtes émotionnelles ça implique qu’on soit déjà au clair avec nos propres émotions.
Qu’on s’autorise à en avoir déjà, en arrêtant de parler d’elles comme “négatives” ou “positives”: elles sont toutes positives car elles ont toutes une utilité (les émotions sont la vie). Il y a cependant des émotions parasites qui sont issues de traumatismes ou conditionnements, mais c’est un autre sujet : on en reparlera.
S’autoriser à avoir des émotions c’est arrêter de vouloir les cacher, les refouler, les maîtriser ou canaliser : bien sûr on doit pouvoir les exprimer sans blesser personne mais elles doivent pouvoir être exprimées.
Enfin c’est aussi bien les comprendre : ce qu’elles nous disent et surtout nos émotions ne sont pas nous! elles ne définissent pas notre personne (être colérique peureux etc sont des étiquettes).
La seule chose qui fasse partie d’un tempérament (inné) c’est l’intensité avec laquelle on ressent les choses et les exprime.
Quand on fait ce point avec nos propres émotions quand on apprend à les exprimer d’une façon écologique on crée de nouveaux circuits neuronaux. Ceux là même qu’on était censés avoir commencé à construire à partir de nos 6/7 ans … et qui nous éviteraient de “péter un câble” quand notre enfant pète lui même un câble.
Pour ceux qui sont déjà au clair avec leurs propres émotions, ces informations sur le développement de l’enfant devraient suffir pour rétablir l’empathie et accompagner l’enfant dans ses tempêtes (l’article sur les crises cf lien bio vous donne des pistes sur le comment).
Pour les autres je vous prépare quelques bouées pour vos propres emotions dans des contenus dédiés vous avez déjà des choses qui devraient vous aider dans le premier épisode de la Helpline des Parents.
In fine on devrait pouvoir arriver à être la bouée font notre enfant a besoin pour la tempête qu’il vit :
- Être présent et connecté à lui
- Qu’il se sente entendu et soutenu
- Qu’il se sente aimé inconditionnellement
- Qu’on puisse lui donner les alternatives et surtout la confiance dont il a besoin le temps qu’il apprenne à faire autrement.
4.La violence des enfants est une maladresse
La violence de l’enfant est une maladresse en attendant à apprendre à faire autrement celle de l’adulte est un choix ou un problème voire une défaillance dont il faut s’occuper.
Je parle de la violence qui est utilisée pour exprimer ses besoins ou émotions.
Je ne parle pas de la violence qui sauve la vie … Quand quelqu’un vous court après comme un prédateur pour vous arracher vos vêtements vous aurez aussi l’ envie de le repousser en le frappant et mordant c’est ce que font les enfants quand on veut les forcer à mettre le pyjama , changer la couche, s’habiller, aller à la douche, ou leur moucher le nez c’est une violence réflexe tout à fait saine à une agression physique (si vous voulez apprendre à accompagner vos enfants dans l’hygiène, soins et la santé sans méthodes barbares et maltraitantes voire dangereuses – introduire de force des objets dans les orifices des enfants quelque soient les intentions c’est violent et dangereux. (Image de la prédation emprunté Laurence Dudek, psychothérapeute – psychopédagogue)
Je parle plutôt de la violence dont on fait preuve quand on veut exprimer quelque chose.
Pour les enfants c’est lié à leur logique psychomotrice et l’immaturité de leur cerveau : le fait de frapper pour reprendre un jouet , de mordre, de jeter ou de dire des mots durs voire insultes etc.
Signe de leur débordement émotionnel comme on l’a vu précédemment, cette violence est liée au manque d’informations, au manque de capacités. Tout cela est en acquisition chez eux.
Vous le savez c’est à partir de 6/7 ans que cela commence à changer 🙂
Pour les aider, il est important de ne pas se laisser déborder soi même par ces comportements ne pas les considérer comme étant dirigés contre nous ni “pour faire mal” mais bien intégrer cette maladresse dont il s’agit.
Et surtout ne pas y répondre par la violence en retour : crier, réprimander, pire frapper (je dis pire mais pour le cerveau tout ces traitements sont équivalents : la même zone de la douleur intense s’allume, le même effet de sidération se produit).
Quand on met son ego de côté face à cette violence on peut alors aider efficacement l’enfant. Efficacement = lui faire vivre une expérience qui consolidera la création des circuits neuronaux qui lui permettront d’acquérir, avec le temps, les compétences nécessaires. On peut alors lui montrer de l’empathie, notre confiance à ce qu’il apprenne à faire autrement et surtout lui rappeler c’est quoi le “autrement”.
Les solutions alternatives : il y en a plein et on les proposera toujours à froid loin des tempêtes émotionnelles. Et oui n’oubliez pas : c’est pas en pleine turbulence que les hôtesses de l’air vous expliquent les conseils de sécurité mais quand vous êtes au sol au calme disposés à les entendre 😉
De la même façon expliquer les façons attendues d’exprimer les choses. Je reprends la liste proposée dans l’article sur les “crises” :
- tu peux souffler fort
- tu peux battre des bras comme un papillon
- tu peux faire le tigre ou cracher ta colère à la terre
- tu peux aller taper dans un coussin (aide pour réorienter le geste surtout à chaud et non comme un « entraînement » je ne recommande pas le coussin de la colère pour ce coté « entretien » de la logique de taper)
- tu peux jeter une balle
- tu peux sauter etc.
Votre enfant apprendra avec le temps.
Pour les adultes qui choisissent la violence vous pouvez vous renseigner sur les conséquences de vos choix 🙂
Pour ceux qui utilisent la violence « malgré eux » (malgré la conscience de ses impacts) : vous êtes ici au bon endroit je vous aiderai à vous défaire de vos conditionnements.
5.Les enfants souffrent de la séparation
Les gens pensent à tord que les enfants souffrent de la séparation avec leurs figures d’attachement autour des 9 mois seulement avec la fameuse “angoisse de la séparation”.
En fait ils en souffrent bien plus tôt et jusqu’à très tard.
Bien plus tôt car dès leur naissance les petits d’homme ne sont pas encore “finis” par rapport aux autres mammifères : les bébés humains naissent très prématurément. D’un point de vue neurologique et en comparant aux autres mammifère (ex chimpanzés) les enfants devraient naître après 18 mois de gestation. Ce qui veut dire que jusqu’à cet âge ils continuent une croissance extra utérine qui devrait être proche de leur condition intra utérine en terme de proximité à la figure d’attachement …
Les pratiques de maternage (allaitement, cododo, portage) aident à cela et à assurer leur bon développement les premières années de leur vie.
Nos conditions de vie modernes dans nos sociétés occidentales ne tiennent pas compte de cela et beaucoup de croyances fausses sur les besoins des enfants (issues notamment d’une psychanalyse poussiéreuse) viennent entretenir des pratiques qui sont délétères pour eux.
Les enfants savent très tôt exprimer leurs besoins de proximité et si nous parents avions préservé notre empathie naturelle nous saurions répondre à ces besoins plus spontanément.
Or nous sommes assaillis par des conseils de professionnels et par des mensonges sociaux qui nous empêchent de le faire. Les mythes du bébé qui fait ses nuits, le mensonge du sommeil solitaire, les épouvantails agités sur les mauvaises habitudes liés au portage, au fait de répondre aux pleurs, et je ne mentionne même pas les horreurs sur l’allaitement non écourté.
Il y a aussi les ignorances sur la socialisation comme si cela fait partie des besoins d’un bébé ou enfant en bas âge … alors que jusque 6/7 ans (et oui si tard !) le principal besoin de socialisation est rempli par les figures d’attachement (le travail du dr Gordon Neufeld est éloquent à ce sujet).
Alors si je vous livre tout cela ce n’est pas pour culpabiliser sur des pratiques ou non pratiques passées (j’ai moi même découvert certaines choses “assez tard” par rapport à mes enfants) c’est pour que vous puissiez voir avec d’autres lunettes le comportement de vos enfants :
leur difficulté à se séparer pour aller en crèche ou à l’école qui peut s’exprimer par un refus de se préparer,
leur appels nocturnes multiples ou leurs luttes contre le sommeil le soir,
leur difficultés aussi dans l’étape des contrôles des sphincters (acquisition de la continence)
Leur rejet de “l’autre parent”
Concrètement si vous ne pouvez pas être présent h24 avec votre enfant en attendant qu’il acquiert de lui même son autonomie, une autre figure d’attachement doit prendre le relai (en famille ou en structure).
Pour aider la séparation également prendre en compte sa difficulté en verbalisant ce qui se passe pour lui, en validant son ressenti et lui assurer notre volonté de l’aider au mieux dans la transition. Anticiper et préparer les séparations en tenant compte de cette souffrance plutôt que de compter sur la résignation de l’enfant (“oh il finira par s’y habituer”) est plus respectueux et limitera les dégâts des séparations forcées et précoces.
6.Les enfants préfèrent la connexion à la perfection
Les enfants préfèrent la connexion : être en lien avec leurs figures d’attachement, avoir une relation authentique, sincère, profonde, et secure.
Une relation basée sur un amour inconditionnel.
La quête de la perfection ne laisse pas de place à ça : quête basée sur la performance, sur les objectifs à atteindre elle est égocentrée. Lorsque nous cherchons à être parfait.e.s dans notre façon de faire ou dans notre façon d’être notre regard est focalisé sur nous.
Nous évaluons les situations par rapport à nos propres lunettes et lorsque nous réussissons nous nous félicitons d’avoir réussi à “faire marcher telle astuce”, faire faire à l’enfant ce qu’on avait planifié pour lui ou le rendre comme ci ou comme ça … cela ne laisse aucune place pour notre enfant et sa nature profonde.
Et lorsque nous échouons, nous nous flagellons ou bien nous répercutons notre frustration sur l’autre, en l’occurrence nos enfants ou bien nous remontons en selle dans la continuité de cette quête … cela ne laisse aucune place pour l’empathie pour notre enfant.
J’ai encore reçu des demandes pour voir si mon approche marche avec tel ou tel type d’enfant … Non clairement je ne propose rien “qui marche” trop consciente que l’enfant est une personne et pour qui la connexion est juste vitale : être en lien et croître ce sont les 2 expériences de base de l’être humain, c’est comme ça qu’il se développe in utero et qu’il aspire à continuer à se développer en naissant.
Sauf que rapidement il fait l’expérience négative “qu’il ne convient pas assez”: qu’il n est pas assez calme ou pas assez obéissant qu’il est trop bruyant ou trop expansif pour son papa ou sa maman ou sa nounou ou les instits …
Il vit alors plus grande blessure qui va la poursuivre toute sa vie celle qui lui fait ressentir la même douleur intense que la souffrance physique, que le lien est conditionnel que donc son développement n’est pas garanti.
Parce que des adultes eux étaient dans leur quête projetant sur l’enfant leur propre ego et leurs blessures … Nos enfants ne sont pas des extensions de nous, ils ne sont pas nous !
On pense tous aimer nos enfants inconditionnellement mais dans ce qu’on leur démontre ce n’est pas toujours des preuves de l’amour inconditionnel. L’intention ne change pas l’impact de nos paroles et nos actes.
Montrer à l’enfant que nos efforts sont portés sur la préservation du lien me semble crucial si ce n’est vital.
C’est plus important que la nourriture que vous lui proposez, les produits avec lequel vous le soignez, la qualité de l’air que vous lui faites respirez, les matériaux avec lesquels il est en contact ou tout ce qui pompe toute votre énergie et vous fait courir vers un environnement parfait, une facon de faire parfaite ou une facon d’être parfaite.
Je ne dis pas que ces choses ne sont pas importantes je dis juste que les adultes oublient les priorités pour l’enfant à force de ne se focaliser que sur leurs propres considérations.
Depuis que j’ai compris que le lien est vital je cherche à le préserver et si je l’abîme par mégarde ou ricochet de mes erreurs je cherche à le réparer.
C’est ma priorité en tant que parent.
7.Les enfants blessés cessent d’abord de s’aimer eux mêmes
Dans la précédente différence je vous parlais de la blessure ressentie par l’enfant lorsqu’il comprend que le lien est conditionnel, quand il ne convient pas à ses figures d’attachement.
Un enfant se construit sur la base des lunettes qu’on porte sur lui, il ne se dira jamais que nos lunettes sont tordues, que nous adultes avons un problème, une telle remise en cause lui coûterait sa survie, alors il se considérera lui comme étant un problème à nos yeux.
Il intégrera toujours les traitements qu’il reçoit comme étant mérités, jamais il ne pourra accepter que les personnes qui sont censées l’aimer le plus au monde puissent lui faire du mal.
C’est pour ça qu’on entend beaucoup d’adultes avoir aujourd’hui un discours de déni et de dissonance par rapport à leur passé …
Un enfant cessera de s’aimer lui même avant de cesser d’aimer ses figures d’attachement.
Notre responsabilité est donc grande, et lorsque nous commettons des erreurs envers nos enfants la réparation ne consiste pas à vérifier l’amour qu’ils nous portent, à rester encore une fois égo centré sur notre culpabilité d’avoir mal fait, mais bien de s’assurer que lui se reconstruit et panser ses blessures.
Cela implique une profonde empathie, une reconnaissance sincère de nos erreurs (pas des “oui mais” qui ne sont que des justifications de notre violence, “oui mais là tu m’as énervée/mise en colère” “oui mais j’étais fatiguée/débordée” etc.), une réelle reconnaissance de la souffrance et des émotions de notre enfant (non pas des minimisation “ce n”était pas si grave” “j’en ai pris aussi”) et une posture de changement de nos actes et nos paroles.
Ce changement ne viendra pas du jour au landemain tant certains schémas sont ancrés dans nos automatismes mais lorsqu’on vie une relation où l’on blesse fréquemment son enfant même “malgré soi”, il est important de s’en occuper et surtout urgent. On peut s’économiser beaucoup de temps et d’énergie en se faisant aider.
Le temps passe vite, l’enfance de nos enfants est très courte à l’échelle de leur vie et tellement fondatrice sur les adultes qu’ils seront demain.
Ne gaspillons pas ce temps, il est si précieux : il ne reviendra jamais.
Maja Mijailovic – Accompagnante parentalité
Merci beaucoup pour cet article,ou cette serie d’articles. ..qui vient en première correction des verres de nos lunettes ?
Merci ?
Merci pour ces mots si justes. 7 conseils à garder en tête au quotidien pour une vie plus sereine et une relation saine avec ses enfants.